Le tram C et le tram A, ce matin, dans le gris et la pluie, déversaient aux Quinconces une foule de voyageurs à la mine joyeuse. Rejoints par une « infanterie » au pas non moins allègre…
Où couraient donc ces pèlerins, sous leurs parapluies et chapeaux anti-gouttes ?
Sous l’abri du splendide chapiteau blanc et rouge qui fait battre le cœur de notre belle ville en ce moment.
Le cirque ! vous direz-vous, pas étonnant que la Gazetière semble si enthousiaste : on connaît son goût prononcé pour cet univers circassien, ses roulottes, ses rideaux de velours, ses paillettes…
Sans doute, sans doute : je ne pouvais pas ne pas y être… mais pourquoi ce dimanche à 10 heures ?
Pour la Messe ailleurs, natürlich ! Ah la belle idée, le beau moment, la vraie réussite !
L’exercice était périlleux, il fallait oser. Poser l’autel sur la piste d’un grand, très grand cirque et appeler les fidèles à s’y venir recueillir… On risquait le vide… les gradins clairsemés… le manque de chaleur, l’étouffement des voix perdues sous la vaste tente…sans lumière, sans vitrail… On risquait, à l’inverse, l’envahissement d’un public égaré, venu comme au spectacle, loin de ses repères, peu présent aux moments de prière, du mouvement, du bruit, le cirque, quoi !
Eh bien, soyons conscients que la Grâce nous fut offerte, ce matin, de vivre dans une vraie lumière, dans une vraie douceur, dans un vrai calme et surtout dans une joie partagée et profonde, une eucharistie re-vivifiante et rassasiante ! Pas un instant, l’ambiguïté du lieu n’est venue troubler le sentiment d’être « à la messe », les trapèzes dans les hauteurs ne changeaient rien à l’affaire : c’était vraiment la célébration dominicale.
(photo honteusement piquée dans S.O.!)
Les Lectures du jour ont fait merveille… comme souvent ! Tous membres d’un seul corps… A chacun ses talents, à chacun sa place unique et indispensable à la bonne santé de l’ensemble… (1 Co 12, 12-30) Artistes et spectateurs, intellos et manuels, sédentaires et nomades… Peuple éclectique mais réuni… Que demander de mieux ?
Dans ce cirque plein à craquer, rempli de familles, d’enfants, de scouts de toutes les couleurs, de jeunes, de vieux, de personnes en fauteuil roulant, la Paix s’est étendue comme une couverture douce et légère. Autour des artistes regroupés sur la piste transformée en « chapelle », l’assemblée a participé à cette messe dominicale et aux deux baptêmes (deux bébés du cirque, adorables : Rosalie et Valentina) avec une communion sincère et joyeuse. Croyez-moi, Lecteurs habitués de la Trinité, nous fûmes infiniment moins gênés par un quelconque bruit ou une agitation pénible que « chez nous » un dimanche ordinaire ! C’était, m’est avis, l’un des miracles de ce matin ! Et pourtant, il y en avait, des petits sous la toile ! Qui ont tous fini sur la piste, enfants du cirque, enfants du public tous « mélangés », avec un petit chapeau pointu sur la tête à chanter « les couleurs que Dieu a mises dans nos mains »…
De quoi illustrer l’Evangile (Lc 4, 14-21) qui proclamait aujourd’hui plus que jamais que le Royaume… c’est maintenant !
Un maintenant qu’on a vécu ensemble, ce matin, de façon extra-ordinaire, et qu’on a une seule envie… c’est de faire durer !!!
Alleluia !