Nous ne danserons plus.
*** Lorsque dans les milongas, on veut indiquer que la soirée se termine, on passe "La Cumparsita" deux fois de suite. Tout le monde comprend.(http://www.tangodesoie.net/contursi.htm)
Ceux qui m'aiment le savent : depuis décembre, l'idée de danser le tango m'était douleur.
Sujet qu'on ne pouvait plus aborder avec moi. Trop d'émotion, pas le courage.
On a glissé nos premiers pas sur les parquets de Son Tay en même temps. Tu m'as invitée, et on a appris ensemble.
Dix ans dans tes bras, Yil, mon tanguero.
Dix ans : que de pas, de ganchos, de salidas, d'abrazos... !
Dix ans de milongas, dansées comme des pasos, parce que nous, on aimait ça comme ça !
Et les tangos dansés sur du blues : ta trouvaille géniale !
Dix ans de farces, que tu me faisais. Dix ans de fous rires : on n'était pas des tangueros sérieux. Et on n'avait jamais honte de rien, dans ce milieu pourtant un peu ...guindé :-)
Dix ans de cours... changez de partenaire ! On se regardait : on change ? Non ! C'était tellement mieux ensemble !
Yil y Isabel.
Dix ans de stages, de bals, des tas de souvenirs, drôles, toujours.
Et de discussions, parce qu'on parlait autant que l'on dansait !
De tes fresques murales... tu étais un artiste. De tes étudiants... tu étais un prof aimé. Combien d'enseignants des Arts et Métiers ont reçu plusieurs "Pistons d'Or", comme toi ?
J'ai suivi avec grand intérêt ton travail d'humanisation de cette "grande école" ! Ateliers d'analyse transactionnelle, lutte contre le bizutage.... Tu oeuvrais auprès de ces jeunes avec la même joie que tu mettais à jouer les compadritos... d'opérette !
Avant Noël, nous avons su que tu ne danserais plus.
Toi, avec ta boule au poumon, moi, dès lors, avec ma boule au coeur.
Je garde de toi, mon beau Yilou, la chaude image d'un grand monsieur svelte et élégant, incroyablement jeune, qui m'accueillait toujours avec un sourire joyeux à nos rendez-vous dansants, car tu étais du genre "en avance"...( bien plus que moi !!!).
Un peu trop en avance sur ce coup-là, Gilles...
Je ne sais dans quelle pampa tu te balades ou dans quelle milonga céleste tu tournoies, mais je te souhaite le plus beau des tangos du monde !