On a de la chance, nous, les profs !
Déjà, on a les VACANCES. Rien qu'avec ça, on se dit que ça vaut le coup
(malgré les mômes tous les jours, toute la journée, à vie, ou presque...) Mais en plus, on a les invitations à des films en avant-première, le dimanche matin, exprès pour nous. Pas TOUS les films, évidemment. Pas Avatar ou Esther. Ben non, quand même !
Les films qu'on serait susceptible de montrer à nos élèves.
Donc :
- les films historiques sans fantaisie
(pas Vidoq, par exemple) - les films littéraires et/ou patrimoniaux
(Jacquou le Croquant, Oliver Twist...) - les films écolos, bien-pensants, et français : Artus Bertrand, Hulot... Et
Jacques Perrin.
Ben oui, le Prince Charmant de Peau d'Âne en personne.
Parce qu'il a quitté son air niais et son collant moulant depuis des lustres, et que depuis, devenu blanc de cheveux et moins mièvre de visage, il fait des trucs très intéressants, le monsieur. Et proches de la nature, les trucs : Microcosmos le peuple de l'herbe, par exemple, ou encore le Peuple migrateur.
Et
Océans. Notez, en vrai, le O n'est pas un O ordinaire, c'est un bel OMEGA, mais pour le faire avec mon azerty de base, c'est Kompliziert. Donc, je fais un O banal, mais le coeur y est.
Océans, donc. Sans eleven, sans twelve, sans rien.
Et c'est encore l'histoire d'un peuple...
Une succession de tableaux époustouflants, de très petit au très grand, sur toute la planète et dans toutes les profondeurs maritimes imaginables.
Tout n'est que lumières, couleurs, pulsations, grattements, jaillissements, explosions, lentes ondulations, surgissements, danses soyeuses, glissements, frissions, beautés sidétantes, alideurs fascinantes, douceurs attendrissantes.... Poissons, mammifères, oiseaux, reptiles, crustacés, plantes... Et la foule, la foule foisonnante au milieu de l'immensité. La vie, partout. Au son de musiques originales qui vont de chants celtisants à des "requiems" lancinants quasiment grégoriens. Immanquablement, la harpe, pour son rendu spécifiquement aquatique. Et du souffle, de l'envergure symphonique, à la mesure de nos océans sans limites.
Jacques Perrin et son copain Cluzeau ont fait de la belle ouvrage, sans demi-mesure. Ils ont mis des années, ils ont utilisé la science à merveille et, bref, quand on ne mégote pas, que le sujet est riche et qu'on a du talent + ce petit je-ne-sais-quoi qui est peut-être la passion, eh bien, cela fait un bien joli moment d'océanothérapie, de zénitude, de "badage", l'oeil rond, la bouche ouverte, le souffle collant au rythme des images.
Toute la première partie est presque vierge de toute présence humaine : à peine quelques mots de commentaire.
Puis vient un temps moins sauvage, plus douloureux. L'eau se teinte de rouge et l'homme apparaît. Triste réalité : nous meetons notre trésor en préil. Mais le film est plus responsabilisant que culpabilisant. Pollution et massacres, nous y pouvons quelque chose, ce n'est pas trop tard. L'homme, sur ses chalutiers, affronte lui aussi des dangers, ce qui le rend ...moins inhumain.
N'empêche. Quelques drôles de visions, dont un phoque tournoyant autour d'un caddie de supermarché, incongru, posé bien droit au fond, et émergeant dans une mer...de déchets. Mais les épaves deviennent aussi des refuges et des lieux où la vie gagne. Espoirs...
Le message s'adressant fortement aux enfants, futurs citoyens qui tiennent l'avenir dans leurs menottes, Jacques Perrin, sur la fin, tient la main d'un petit garçon de 10 ans (au jugé) qui lui ressemble étrangement... ben tiens ! Au générique on voit en effet un Lancelot Perrin
(couvée de tardillons, il semblerait qu'il y en eût un autre, encore plus jeune !) C'est bien joli, tout ça, lecteurs bien chéris. bien bien joli. Et ça donne rudement envie que ça continue longtemps à le rester....
Une minute à vous dans votre agenda surbooké?
Un zeste d'Océans, alors, allez-y, avec le son, ça fait du bien !