Ou encore : " Faut-il être cultivé pour apprécier une oeuvre d'art ?".... voire un texte de Hobbes sur ce qui fait une "bonne loi"...
Ma chère tête (vraiment) blonde de nièce chérie philosophait hier pour son bac.
Bon courage ma belle !
Je ne sais pas encore ce qu'elle a choisi parmi les trois sujets offerts à la réflexion des élèves de sa section.
Petite pensée de la Gazetière à toux ceux qui pensent et clament que "le bac ne vaut plus rien, tout le monde l'a, il ne sert à rien".
J'aimerais bien les voir devant leurs feuilles de brouillon aux douces couleurs pastel (toujours les mêmes depuis 30 ans, exams et concours compris, l'Ed Nat est un client fidèle!).
Rappelez-vous, critiques blasés et pontifiants que " 'une bonne copie de philo (... c'est) une introduction problématisante, un développement équilibré avec un minimum de débat contradictoire et une conclusion qui répond à la question. Il faut éviter les approches unilatérales et les considérations de sens commun non interrogés. Pour un texte, dégager le thème ou la thèse. Il faut une analyse linéaire en cherchant dans le propos de l'auteur la réponse aux objections qui viennent à l'esprit pour approfondir l'analyse. C'est ce que les élèves entendent depuis le début de l'année et qui ne prend sens qu'appliqué dans un devoir qui est en lui-même la mise en oeuvre d'une compétence acquise par l'exercice tout au long de l'année." (dixit Jeanne-Claire Fumet, du café péda)
Bref, faut quand-même être capable d'aligner quelques mots portés par une pensée suffisamment éclairée pour mettre en lumière à la fois ses propres idées ... et celles des éminents penseurs qui ont laissé des traces que l'institution veut bien retenir. " Les nains voient loin sur l'épaule des géants"... Mettre en relation, tisser des liens entre doctrines, faits, analyses. Choisir son vocabulaire avec soin, éviter la polysémie... sauf si elle est subtile et donne matière à réflexion... c'est un jeu d'équilibre sans filet car le brouillon commence à disparaître à ce niveau : plus trop de temps pour tout faire !
Bon, ça, c'est pour la philo. Mais je vous assure que les autres épreuves, ce n'est pas si aisé que les mauvaises langues veulent bien le faire accroire.
Et puis de toute façon, sur quoi se fondent-ils, les ceusses qui disent que le bac ne vaut plus un clou ?
Sur les sacro-saints "chiffres", pour sûr !
Zonty pas encore compris que les "chiffres" sont là pour ENDORMIR ceux qui y croient ?
Savent-y pas que les "chiffres", on leur fait dire ce qu'on veut (et son contraire) ?
Commençons par les fameux "80% d'une classe d'âge".... (cocher la bonne réponse)
- qui a le bac
- qui devrait avoir le bac (objectif de notre pays)
- qui a, aurait, devrait avoir le "niveau bac"
Finalement, on ne sait pas bien, ce qu'on retient, c'est "80%" et "bac" : du coup, on croit (ou veut croire) que 8 jeunes sur 10 sont pourvus dudit diplôme (j'en bégaierais presque!) quand ils ont, disons, 20 ans.
A la radio, ils sont allés jusqu'à nous sortir le nombre de bacheliers qu'il y a eu l'année de sa création ( 31 diplômés en 1809) pour comparer (!!!) et pointer du doigt le désastre de la dévalorisation de la chose !
Le désastre, m'est avis, n'est pas dans les chiffres, les nombres ou les quantités, le désastre se trouve plutôt dans le discours, donc dans les lettres, les mots, les propos... fallacieux.
Le BAC... finalement c'est quoi ? On parle de quel diplôme ?
Vous voulez que je vous dise, Lecteurs Bien-Chéris ? Personne ne parle de la même chose. Le bac est un FANTASME national et chacun parle de "son bac". Rêvé. Celui qu'il a passé, ou pas. Celui que son grand-père père ou arrière grand-père a eu. Celui que son arrière-grand-mère n'a pas pu passer. Celui que sa tante n'a pas passé en 1968 mais qu'elle a eu quand-même etc.
Le bac est un objet mouvant mal identifié, qui cristallise pas mal de conflits intergénérationnels et qui permet de faire avaler n'importe quoi à plus ou moins n'importe qui. Commode.
31 bacheliers en 1809, mais qui sait "ce que c'était" le bac en ce temps-là ?***
Remarquez, là, je me gausse !
Le bac "C" ou "S", à l'époque, pour l'avoir, fallait d'abord avoir fait ses preuves avec les humanités !!! C'était du PLUS ! De là en est resté une notoriété certaine, si ce n'est un prestige dans les esprits frappés par cette haute époque !!!
Même si ça fait bien longtemps que le bac scientifique vit de façon autonome sa vie de diplôme à part entière et non de "supplément" !
Mais revenons à notre juin 2012 : la Gazette est de son temps.
Les 80%, vous l'aurez compris, c'est du vent qui souffle dans les hautes cimes. Actuellement, croisant les sources les plus institutionnelles, on en serait à 61% de "bacheliers" de l'actuelle classe d'âge concernée. On en a quand-même perdu un paquet ne deux coups de cuillère à pot ....mais ce n'est rien si on regarde de plus près de quoi il est question.
Car la définition du BAC est vaste comme un océan... Grâce à qui ? Grâce au bac... PRO !
Lisons un peu...
"Cette année encore, le nombre de candidats augmente de façon significative : +7% par rapport à 2011."
Mais à y regarder de plus près :
" Le bac général est quasi stable (+1,5%).C'est la série ES qui augmente le plus vite (+3%) alors que la série L continue à perdre des candidats (-3%). Il n'y a plus que 55 297 candidats en L, trois fois moins qu'en S !"
De plus en plus de têtes à chiffres : vive la France ! Mais le mieux reste à venir :
"Finalement la quasi totalité des gains dans le taux d'accès au bac se fait grâce au bac professionnel. En 2012 il croit de 28% avec 220 000 candidats (171 000 en 2011)"
Le voilà, le petit, il est là, et il croît, il croît, il croît...
Le bac pro. Soyons clairs : il ne ressemble pas vraiment aux bacs généraux ou technologiques. Un seul exemple : pas de philo pour ces élèves... Le BEP a quasiment disparu, si on veut aller un peu plus loin que le CAP,il n' y a plus que le bac pro. C'est logique, mathématique, infaillible et c'est bien, du coup, la génération gagne des bacheliers. CQFD.
Sauf que.... l'"espérance d'études supérieures est souvent un leurre. Pas grand chose n' est fait pour permettre l'accueil des bacheliers professionnels dans des filières supérieures courtes. Leur arrivée en université conduit généralement à l'échec. D'autre part, (...) le nombre de jeunes orientés en CAP a considérablement augmenté. Les trois quarts d'entre eux entreront dans la vie active après le CAP avec une formation assez faible. Les autres, un quart environ, vont en bac pro. Pour beaucoup d'élèves de seconde pro atteindre le bac en 3 ans au lieu de 4 reste une gageure. C'est nettement plus dur et le taux de décrocheurs à la fin de la seconde pro a doublé avec la mise en place de la réforme passant de 7 à 14%.(http://www.cafepedagogique.net)
Franchement, je l'avoue, ça me "prend la tête" de calculer tout ça, mais à vue de nez, entre le 1/4 qui continue et les 14% de décrocheurs, sachant que la grosse majorité ne réussira pas en études supérieures, on peut écrire sans se tromper que l'égalité des bacs pro avec les filières générales et technologiques est purement symbolique.
Alors ok, "ils ont le bac". Mais on ne parle pas du même.
On ne peut pas additionner ni multiplier les pommes et les poires, m'a -t-on appris en mes jeunes années. Difficile de les comparer, du coup.
Idem pour notre fameux bac !!!
Conclusion : bonne chance et bon courage aux courageuses et courageux de mon entourage
qui sont en train de passer les épreuves,
et à bientôt pour les félicitations méritées !
*** Intéressant rapport, la Gazette le conseille à ceux qui ont le temps : http://media.enseignementsup-recherche.gouv.fr/file/2008/65/8/rapportlegendre_34658.pdf