Changeons de sujet, et abordons à présent celui de la pédagogie (un autre dada de la gazetière ;-) )...
Le Cancre (du moins se présente-t-il comme tel, mais à la rédaction, on n'y croit pas un instant) taxe notre langage de profs, "d'ésotérique" (et on sent bien que ce n'est pas exactement un compliment...)
Tout ça parce que l'Angel 2 a réagi à l'article sur les PPRE (voir notre feuilleton d'automne, lettre P), pour aPPorter son PersPicace et un brin Provocateur regard de Professionnelle uPiste ...
Je vais donc, monsieur le Cancre, expert en radiateurs, fond de la classe et bord de fenêtre, répondre aux commentaires et donner quelques précisions...
La pédagogie différenciée porte en ses termes sa propre définition, vous ne le nierez pas.
Il s'agit bien là de ne pas servir à tout le monde la même soupe à la même heure, mais de donner à chacun selon ses besoins son menu personnalisé, diététique et équilibré, afin que tous, quand vient l'heure de la digestion, tirent le même bénéfice de leur repas...
J'arrête là la (lala?) parabole alimentaire qui vous a, je l'espère, lecteurs adorés, nourris à votre faim et désembrouillardé* ce qui pouvait encore sembler un poil brumeux (c'est de saison).
Notre angélique Upiste de service note avec pertinence (notion chère aux professionnels de la recherche d'info) que les PPRE sont plus proches de Projets de Réussite de Scolarisation que de la simple et générique pédagogie différenciée.
Certes. Mais. Il y a un MAIS...
Si on commence à afficher ce genre de ressemblance...on court au DRAME, sachez-le!!!
La pédagogie, c'est déjà un concept douloureux pour certains collègues du secondaire, soyons lucides : zéro formation dans ce registre + une conception uniquement universitaire de leur discipline = une grande peur que la pédagogie nuise à la transmission pure des honorables SAVOIRS... Apprendre étant accumuler des connaissances, pourquoi perdre du temps en coupant les cheveux en quatre?
Croyez-moi, j'exagère à peine...
Second obstacle, encore plus ardu (plusse pire comme diraient certains élèves) : le projet de SCOLARISATION...
Là, on sent bien qu'on a dépassé les limites! Un projet de réussite de la scolarisation implique que ladite scolarisation ne va pas de soi...et donc...que l'élève concerné n'est pas un élève ordinaire...et...si ce n'est pas un élève ordinaire (fût-il un cancre)...c'est que c'est donc un élève pas-ordinaire (je sais, ça fait truisme !)... pas-ordinaire = handicapé (résumons), handicapé = intégration, intégration = enseignement spécialisé, enseignement spécialisé, évidemment, on ne sait pas faire !
Conclusion n° 1 (elle n 'engage que moi, c'est une réflexion purement personnelle, attention!!!) : laisser penser qu'un PPRE puisse s'apparenter à un PRS serait réveiller un vieux démon et braquer, par peur, les bonnes volontés des enseignants...
A chacun ses affaires : aux maîtres spé, les PRS et aux profs ordinaires, les PPRE.
Seconde réflexion, et l'Angel 2 la noté, la durée de vie des PPRE, grosso modo 4 petites semaines éventuellement renouvelables, mais pas indéfiniment, implique, c'est évident, que le Projet sera extrêmement léger... 4 semaines, pour ceux qui savent un ce que c'est qu'enseigner, c'est "peanuts" ! Que peut-on faire en 4 semaines pour un élève en difficulté(s) ?
Alors alors alors....
Pourquoi tout ce bruit pour un si médiocre dispositif ?
Je crois, pour y avoir réfléchi (ça m'arrive de gamberger, vous savez?) que cette formalisation obligatoire d'une "discussion/réflexion" autour d'un élève en particulier, a pour but une amorce de début de commencement d'encouragement (obligatoire) à prendre en compte COLLEGIALEMENT les difficultés d'UN élève...
Je sais, ça semble ridicule et pourtant, c'est toute une mentalité qu'il faut ébranler...
Historiquement, le collège est issu du lycée, lui-même né des enseignements universitaires très anciens où chaque discipline n'a pour ambition que de se protéger et de s'autopromouvoir.
Sachez qu'une petite chose qui semble aussi anodine que la mise en place de projets personnalisés pour enfants qui ne réussissent pas est en réalité une petite bombe qui n'a lair de rien pour apprendre aux profs formatés par des siècles de fonctionnement disciplinaire, à avoir un regard différent...
C'est hallucinant, sans doute, mais c'est vrai : on veut que l'équipe regarde et s'interroge sur les élèves, individuellement...
Bien sûr, d'aucun argueront que les profs n'ont pas attendu pour se questionner sur les moyens de faire réussir leurs élèves ! C'est tout à fait vrai pour certains...mais pas pour tous... faites-moi confiance, je sais de quoi je parle...
Ce constat vous attriste? il ne faut pas! Parce que justement, eh bien, on ne laisse pas tomber, on essaie de mettre en place des petites choses pour faire évoluer les mentalités...
Les PPRE en tant que tels ne valent certainement pas grand-chose... mais ils sont la partie émergée de l'ice-berg...et c'est bien un ice-berg qui a fait couler l'insubmersible Titanic, non???
Alors...confiance... PPRisons, et changeons de regard!!!
*Désembrouillarder : dorénavant, ce mot existe! ;-)