Ah, qu'elles sont belles ces journées d'été qui n'en finissent pas et qui nous donnent une forme extraordinaire, une audace délicieuse à tout entreprendre, tout essayer, dans un tourbillon de fêtes et de musique!
Les soirées ensoleillées poussent à sortir de la ville, donnent envie de promenade, d'échappées belles.
Votre gazetière en a profité pour faire son baptême de... moto ! En passagère, évidemment !!!
D'aucuns trouveront sans doute que c'est tardif, à mon grand âge, pour poser pour la première fois son délicat popotin sur un bestiau ronflant.
Peut-être, mais mon retard est donc dorénavant rattrapé !
Petit tableau impressionniste d'une grande débutante...
Impression claustrophobe : le casque intégral, figurez-vous, quand on a un léger fond phobique et l'angoisse de la claustration, c'est un peu comme un scaphandre : on se sent un brin enfermé et coupé du monde... C'est par où la sortie ??? Il faut bien quelques minutes pour admettre qu'on respire normalement avec un bocal à poisson rouge sur la tête, et donc, se mettre à le faire, sans aspirer l'air comme une presque-noyée qui ferait goulûment des réserves de guerre. Passé ce cap, ça va. Et ça va même tellement bien que :
Impression acoustique : le fameux casque, donc, donc, est non seulement un lieu où on peut respirer normalement, contrairement aux apparences, mais également un endroit idéal pour chanter! Imaginez que ça filtre les bruits parasites et qu'on entend sa propre voix parfaitement bien ! Du coup, c'est mieux qu'en voiture, on peut ménager son organe, travailler dans des nuances douces, ne pas fatiguer ses petites cordes vocales pour couvrir l'environnement... et par là même, chanter bien plus longtemps, avec du souffle quand on veut amplifier et tenir la vibration ! Le casque intégral, c'est une sorte de mini-studio d'enregistrement mobile. Suffirait de mettre des engins techniques pour enregistrer!
Impression olfactive : ceux qui me connaissent bien savent que ça compte énormément, le nez ! A moto, on sent TOUT ! Du coup, on peut jouer à un jeu, dans la campagne : les yeux fermés, on doit reconnaître ce qu'on traverse... Fougères sucrées et douçâtres, pins résineux, herbe coupée, bois d'une scierie... Et les tilleuls, les tilleuls ! Un régal, un régaaaaal!!! Et même l'odeur de l'eau, au bord de l'Estuaire.
Impression oblique : dans les virages, la moto, c'est aussi désagréable que l'avion, ça penche. Berk ! paraît que ça s'explique, une question de mécanique, ou de math/physique, je ne sais plus, en tout cas, je refuse de comprendre pourquoi mais, je suis une passagère obéissante et je fais comme on me dit. Au lieu de tenter de compenser l'inclinaison détestable mais apparemment fatale, en me penchant de l'autre côté, je "fais corps avec la moto"... C'est très DUR mais je prends sur moi. Les yeux fermés et en chantant.
Impression amicale : si l'homo automobilis est connu pour son agressivité, son impatience et son incivisme lorsque ses mains sont sur le volant, l'homo motardus semble ne présenter aucune de ces charmantes caractéristiques, bien au contraire. Il est de bon ton, sur ces chevaux à moteur, de saluer ses congénères d'un signe de la main quand on se croise. Est-ce parce qu'ils appartiennent à une espèce plus rare ? Ou parce qu'ils sont délestés de ces insupportables épreuves que sont les bouchons ? Cette liberté de ne pas demeurer coincés interminablement dans des files gluantes les rend peut-être plus sereins et enclins à des salutations aimables...? Je propose qu'on donne des cours de moto aux élèves, ça les rendrait peut-être civiques ?
Impression surréaliste : en regardant les glissières de sécurité sur le bord de la route, j'ai réalisé que les piquets, pour un motard qui glisserait, sont comme des guillotines ! Avec horreur, l'espace d'un instant, j'ai pensé : "Si on passe en travers, on devient cul-de-jatte...Et moi qui adore les chaussures!" Je crois que cette pensée, digne de Barbie fait de la Moto***, était due à la vitesse...
*** : Je tiens à dire que j'avais les Tiags roses, mais pas un casque rose, hein !
Impression "j'aurais pu m'en douter" : s'extasier, à moto, sur les merveilles qu'on croise, n'est pas si facile. La communication verbale, sans dispositif sonore particulier, bon, on y renonce. Reste la communication non-verbale. Les grands gestes avec les mains, pour faire simple, et pour ceux qui me connaissent. Oui. Sauf que quand on veut montrer : "Oh ! Des nids de cigognes avec des cigognes dedans, sur les pylones électriques!!!!", eh ben, si on n'est pas Hercule ou Monsieur Propre, le bras, il part en arrière, un peu fort... Encore un truc de vitesse, peut-être??? ;-))
Chers lecteurs, ce tableau subjectif est terminé, et je tiens à spécifier que malgré ce que la musique pourrait laisser penser, je n'étais pas juchée sur une Harley mais sur une autre race de pétrolette, d'élevage allemand, qui doit ressembler à ça, grosso modo, avec des raretés et spécificités que je ne sais pas identifier :