OUi, chuis une fille de bonne volonté, je vous assure. Issue d'une famille qui aime les bêtes, qui, à quelque chose près "ne ferait pas de mal à une mouche", une famille qui a hébergé au moins deux singes, un perroquet et une civette, une famille qui recueille (en appart) les corbeaux blessés, ramasse les bébés faucons tombés du nid, nourrit les bébés taupes et les bébés lérauts au mini-biberon, accueille les oiseaux, les poissons, les chiens et chats perdus, sauve les mulots et chauves-souris des griffes des matous, une famille qui pose des pièges anti-souris-non-dangereux pour libérer lesdites bestioles dans la nature, une famille qui soigne des poules égarées, une famille qui évite tout écrasement malvenu d'une araignée
(surtout le soir, Espoir!), bref, une famille estampillée 100 Amie des Bêtes logo SPA, et quand je dis ça, je parle de ma famille "des deux côtés", au sens bien large, du sud au nord, du Lot-et-Garonne à la Belgique.
Pareil pour les gens, a priori, on les aime bien tous, avec leurs qualités et leurs défauts, et on arrive à vivre en bonne intelligence avec eux, bref, la vie sur cette terre est plutôt chouette, et on en redemande.
Mais y a un truc que je ne comprends pas : ce sont les MOUSTIQUES. Et quand je dis moustique, je parle au sens large : on en trouve sur bien des branches du règne animal.
Bonne élève, j'ai appris que toute espèce a son utilité dans notre monde.
Mais personne n'a jamais vraiment pu me convaincre de l'utilité du MOUSTIQUE.
Ou plutôt, de LA MOUSTIQUE, puisque c'est elle la coupable et l'empêcheuse de tourner en rond.
Et chez nous, on est gâtés : la région est réputée humide, et de plus, Bruges a ses marais...
La moustique, peut-on lire, une fois ses sanglants repas pris dans le but de pondre, rejoint le groupe des
"adultes mâles et femelles (qui) se nourrissent de nectar de fleurs, et participent ainsi à la pollinisation des plantes, au même titre que les papillons, par exemple." (Merci qui ? Merci Wiki!)
Par exemple, oui. On sent bien que l'auteur a voulu trouver une bonne raison, mais est-il lui-même si convaincu ?
Parce que dans ce rôle pollinisateur, je ne vois rien d'unique ni de spécifique qu'un papillon ou une abeille de pût faire à la place de la moustique ...
Ok, Dieu est grand, et la moustique, éventuellement (si on ne l'a pas dégommée avant) pollinise, mais enfin, l'argument est mince en regard de la nuisance avérée de la bestiole infâme.
Certains argueront que la moustique nourrit les petits oiseaux et autres.
Oui, mais là encore, rien de mieux que ne ferait une mouche ou un moucheron. Non, cet argument non plus je ne le juge pas recevable eu égard au taux de nuisance de l'insecte exaspérant.
Car la moustique n'est pas qu'agaçante, elle est franchement nuisible et dangereuse, vectrice de maladies mortelles telles que le palu ou la dengue : l'oublierons nous ?
Non, franchement, le Seigneur n'a pas fait fort sur ce coup-là, je ne sais pas, c'était le soir, il était crevé ou il était pris par un coup de fil pénible, bref, il a intempestivement créé, m'est avis, une espèce dont la Terre aurait fort pu se passer. Manque de réflexion, Patron, ceci dit en toute modestie. ;-)
Remarquez bien qu'il a permis ainsi que la MESQUINERIE ne soit pas uniquement humaine.
Car la moustique est vraiment l'incarnation de la mesquinerie.
Mesquin (e) : ce qui est petit, médiocre, manque de grandeur, d'élévation, de générosité...
LA MOUSTIQUE !
Regardez -la bien : on lui donnerait presque le bon Dieu sans confession, non ? Rien à voir avec la grosse mouche bleue bourdonnante et dégoûtante, ni avec la guêpe qui fait ouvertement peur, ni même avec le répugnant scolopendre qui déroule en spirales mobiles et rampantes ses "1000" pattes si rapides !
La moustique cache bien son jeu : à peine la voit-on, et si on n'était pas informé de sa mesquine nature, on la regarderait avec une indifférence légère, comme on le ferait d'une mini araignée ou d'un moucheron quelconque.
Erreur, grave erreur ! La moustique, sous ses dehors inoffensifs, est mesquine, donc sa propre vie n'a d'autre intérêt que le pourrissement de la vôtre. Je ne dis pas qu'elle est méchante, il y aurait dans ce terme l'évocation d'une vague intelligence, dont la mesquinerie est finalement dénuée. La mesquine a remplacé l'intelligence par la ruse.
La moustique est discrète et n'attaque jamais de front. Elle attend, bien planquée, sur un dessin de la tapisserie (s'il y en a) ou sur tout autre endroit discret en cas de murs dangereusement blancs. La proie, naïve, se croit généralement seule et à l'abri du danger. Evidemment, elle se relache, s'installe confortablement, et vit sa vie, tout simplement, sans chercher plus loin. Chose que la moustique ne saurait tolérer : la mesquinerie se nourrit non seulement de sang, mais surtout de l'agacement et du dérangement de l'autre. Il s'agit d'aspirer la proie dans le monde de petitesse et d'étroitesse où elle se cantonne elle-même. La moustique ne se lasse pas : elle a des forces que son aspect presque chétif et sa finesse constitutionnelle feraient presque oublier.
La proie, candidement sereine puisque rien ne semble la menacer, se laisse absorber par ses propres préoccupations : prenons le cas le plus fréquent, l'heure du coucher.
D'un oeil, elle a regardé autour, le plafond, les murs blancs : rien. Tendu l'oreille : rien.
Un, deux, trois oreillers, ce qu'on veut, ce qu'on aime, extinction de la grande lumière, allumage du chevet et plouf ! plongée délicieuse en milieu littéraire.
Ne vous inquiétez pas, lecteurs impatients, cela ne durera pas. Une, deux, trois minutes, ce que la moustique veut, et hop ! première sensation de pic sur le bras. On bougeotte, on frottouille sans trop y faire attention, bref, on ne s'intéresse pas assez à la moustique, ce qui ne va pas du tout lui plaire et va faire monter la scène en intensité, croyez-moi. Car elle pourrait piquer une, deux, trois fois, comme elle décide, pour avaler ses quelques millimachincubes de sang, histoire de nous piquer les protéines nécessaires à sa reproduction, et ensuite, se tirer vite fait pour aller voir ailleurs si on y est. Mais non, et c'est là que je ne puis décidément pas défendre la moustique, tout cela ne lui suffit pas car sa nature est fondamentalement mesquine.
L'équation est simple pour elle et haïssable pour ses victimes : nuisance = jouissance.
Elle pique, repique, on finit par poser le livre, sur le qui-vive. On va bien finir par la choper, forcément. On ne bouge plus (on vit, par force, mais à l'économie maximale, pour ne pas étaler devant elle notre bonheur d'êtres plein de sang précieux et de peau tiède). On guette son retour, on s'organise, éventuellement : un qui surveille le plafond, l'autre qui secoue les rideaux et brasse l'air pour faire décoller l'insecte furtif.
Cela marche rarement du premier coup.
On est bête (encore, et encore, et toujours!), on croit que la moustique a renoncé, qu'elle a changé, que nous embêter ne l'intéresse plus. On croit au miracle de la raison, du temps, de l'élévation spirituelle (et pourquoi pas, hein ???)
On se dit qu'il y a des zones à aller emmoustiquer ailleurs... Ou alors, on s'illusionne sur sa propre adresse, et on se dit qu'on a dû, sans s'en rendre vraiment compte, l'assommer avec l'un des gestes qu'on a faits pour la chasser de notre bras (ou nez).
On redresse ses oreillers, on s'adosse à nouveau, replouf dans le livre.....
Gniiiiiiiiiiiiiiiiiiii...............
Cette fois-ci, c'est le bruit.
Pire que la piqûre ! Parce que la piqûre, bon, on gratte, mais on peut aussi appliquer quelque pommade qui reste en place sur la table de nuit. Bref, on peut réagir assez vite et efficacement.
Mais le bruit !!!! On est passé au stade supérieur.
La moustique, ne vous y trompez pas, sait ce qu'elle fait. Elle vous exaspère volontairement : je vous l'ai dit, intelligente, sans doute pas, mais rusée, oui.
Son gniiiiiiiiiii est insupportable, elle le sait. Une fois qu'elle a commencé, et que vous l'avez entendue, elle ne vous lâchera plus. Vous la chasserez d'une main : une, deux, trois secondes de silence, c'est comme elle voudra, et gniiiiiiiiiiiiii........ à nouveau. Pas la peine de tenter de continuer la lecture, la moustique est mesquine et votre vie la dérange. Il n'y pas pas de place en sa petitesse pour accueillir vos élans et vos plaisirs. Elle veut votre sang, et en cerise sur le gâteau, votre emmerdement, parlons franchement.
Tant et si bien que la lecture, tant pis, c'est pas possible, il ne reste plus qu'à éteindre la lampe et à allumer ailleurs dans l'espoir qu'elle renonce à nous, personnellement.
Ce qui ne marche généralement pas, puisque Gniiiiiiii...........les "éteignages" sont rapidement suivis de rallumages subits afin de prendre la bestiole de vitesse... ce qui, certaines nuits miraculeuses, peut arriver, mais c'est quand même très rare.
Non, vraiment, à mains nues, la lutte contre la moustique est souvent perdue d'avance !
C'est vrai qu'on a les moustiquaires, les bombes, les prises et tutti quanti.
Mais bon, sincèrement, l'existence de la moustique me pose depuis longtemps une vraie question (existentielle, justement) : POURQUOI TANT DE HAINE ???
Si un entomologiste patient et pédagogue passe par ici, qu'il n'hésite surtout pas à sonner à la porte de la Gazette et qu'il m'explique ENFIN la raison d'être de ces bestioles qui pourrissent mes soirées et mes nuits !