Il descend : bonne nouvelle ! Mais il remonte aussi : mea culpa...
Je vous parle de mon T.A.L. hein, pas de mes transaminases ;-))
Mon Tas A Lire. Endémique excroissance de ma bibliothèque, mes yeux étant plus gros que mon ventre, il a largement décru ces derniers mois, si, si, mais pas assez pour diminuer vraiment, la tendance de son nourrissage confinant au gavage... Ma faim est sans limite : c'est grave, docteur ?
Et encore, je ne joue pas franc jeu ici... De fait, je n'ai pas UN T.A.L mais bel et bien DEUX !
Le premier est celui des ouvrages du CDI : il est donc prioritaire sur le second, mon T.A.L. perso, celui qui grossit cent fois plus vite qu'il ne s'érode.
Disons donc que, globalement, l'un a bien rapetissé, tandis que l'autre a réussi à limiter son exhaussement. Pas si mal quand on connaît mes craquages réguliers sur Amazon marketplace et/ou Priceminister...
Impossible, inutile et oiseux de vous assaillir ici de toutes lectures qui furent miennes. Que les plus inquiets se rassurent, ce ne sera pas un article-fleuve ! Je tiens juste à vous parler de mes deux derniers GRANDS ENCHANTEMENTS.
Kafka sur le rivage, de Haruki Murakami. J'aime, et depuis longtemps, beaucoup d'oeuvres de la littérature japonaise, qui est souvent "dérangeante", au bon sens du terme, car nos mentalités et nos cultures sont bien différentes. Kafka sur le rivage est un pont entre l'Orient et l'Occident, avec une plongée dans l'âme humaine qui se joue des civilisations et du temps.
C'est une expérience de lecture, pas une lecture ordinaire. Il y a des moments où l'on s'envole, d'autres où c'est carrément long et pesant de redondance. Des détails sans intérêts et des phrases sidérantes de vérité. De l'humour, souvent, comme des rayons de soleil à travers les nuages. Murakami nous présente des personnages incroyablement attachants, trop beaux pour être vrais, des êtres de théâtre que l'on suit sans pouvoir les quitter. J'aimerais tellement rencontrer Nakata, ce simple d'esprit si sage qui parle "chat"... Il y a, comme dans la vraie vie, des choses inexpliquées, des fausses pistes, des déceptions, des secrets révélés, ou pas ! C'est un roman, un livre initiatique (qui dit Kafka, dit Métamorphose, non ?), un monde (pas si) ordinaire dans lequel les portes sont ouvertes sur le fantastique, ce qui ne dérange personne : le Japon est un pays de fantômes, de "renards" et d'entités de l'au-delà (regardez le voyage de Chihiro ou Totoro...)
Et puis, il y a cette improbable bibliothèque...
C'est INCLASSABLE et j'ai adoré.
Voilà.
Lignes de faille, de Nancy Huston. Bon, celle-ci, elle a tout pour plaire. Elle est belle, elle a une histoire personnelle riche, un peu globe-trotter, elle écrit en anglais et en français, en musique parce que la musique l'inspire, d'ailleurs, elle fait souvent des lectures accompagnée par des amis musiciens... C'est une féministe intelligente (et intello!) et son art du roman me ravit.
Dans Lignes de faille, elle écrit, du point de vue de quatre générations, les racines et certains "effets" dans la vie de chaque personnage de cet épisode incroyable du XXe siècle qu'est le nazisme. Ne croyez pas que tout a été dit, que tout a été écrit, décrit, décortiqué.... Non, on parle ici d'origines troubles, de fêlures inattendues contre lesquelles on ne peut pas grand chose... Il y a ceux qui veulent oublier et il y a ceux qui refusent de ne pas savoir. Ce n'est jamais lourd, jamais pesant, jamais ennuyeux. On court sur les phrases, on se régale des pensées, du langage des héros (qui ont tous 6 ans, on remonte le temps), de leur oeil sur le monde. C'est léger et profond, on voyage des Etats-Unis en Bavière, en passant par Israël... Alors, évidemment, vous vous doutez que j'y trouve plus que mon compte ;-))