Le Ministère et diverses huiles l’ont affirmé : il faut réformer le temps scolaire. C’est URGENT.
Les enfants n’en peuvent plus ! 6 heures de classe par jour c’est impossible à tenir (comment ont fait les générations précédentes ?) et la coupure du milieu de semaine c’est insupportable pour eux (ah bon ?)
Franchement, Lecteurs chéris, je n’ai pas compris pourquoi, il y a 3 ou 4 ans, on a imposé cette coupure du mercredi, sans rattrapage des jours aux petites vacances mais en rajoutant des heures « d’aide » aux enfants les plus en difficulté… C’était manifestement IDIOT mais c’est passé. Et maintenant… rien ne va plus !
Il va falloir alléger les journées « de classe » mais pas les journées « à l’école ». Les parents ne pourront pas récupérer leurs petits lardons à 15h30. Donc, de fait, on va les garder jusqu’à 16h30. Or, cette heure supplémentaire « hors de la classe mais dans l’école », elle ne coûte pas pareil selon qu’elle se situe entre midi et deux ou après 15h30.
Dans le premier cas, c’est une heure de service communal : un adulte pour 15 enfants suffit pour les maternelles, et en primaire, c’est 1 pour 25 ! Pour la collectivité locale, le poids financier est tolérable. Après 15h30, ça devient du temps « Jeunesse et sports » : le taux d’encadrement se resserre, selon le type d’activités, entre 1 pour 8 ou 10 en maternelle et 1 pour 12 ou 14 en primaire. Faites le calcul pour la commune : a-t-elle les moyens de créer tant d’emplois que ça ? On est « en crise » ou on nous ment ?
Il est facile d’imaginer le tour de passe-passe (et qui blâmera qui ?) : qu’à cela ne tienne, on fera durer la pause méridienne, nettement plus économique. A Paris on parle actuellement d’une pause de…. 2 heures 45 ! Dans la cour ? Dans la salle de jeux à regarder la télé quand il fait trop froid ? Ou encore… dans les classes ! Car à partir de 15h30, où les « met-on » tous ces enfants ? Quels locaux existent pour les accueillir ? Les équipements sportifs sont occupés par les collèges et lycées, assos locales, normal. Et les salles qui servent à l’accueil périscolaire sont adaptées à un nombre limité d’enfants. Donc, il reste… les classes. C’est sûr, ça va tout changer pour la santé de nos têtes blondes, d’être dans la classe mais pas en classe…
Tout ça pour pouvoir revenir le mercredi matin, pour pouvoir rajouter un soir de devoirs dans la semaine ?
Pincez-moi, je rêve ? C’est moi qui suis déconnectée ou on enfonce, à grands frais, des portes ouvertes ? Les communes se plaignent qu’elles ne vont pas y arriver. L’Etat admet que la charge est lourde. Donc, il va les aider. Je lis, dans le Café péda : « 250 millions seront donnés aux communes selon un dispositif qui apporte un soutien plus important aux communes les plus en difficulté. » Et moi qui croyais que l’heure était aux économies, que l’Etat n’en pouvait plus !
Surtout, ne touchons pas aux PROGRAMMES, ne recentrons pas les apprentissages sur les fondamentaux (c’est c…, hein, de savoir juste parler et écrire correctement, lire et compter ?), passons notre temps (d’enseignants) à remplir des dossiers, des projets, des évaluations, des avenants, cochons des compétences, passons des agréments, des qualifications, imposons au moins deux langues étrangères en primaire (sinon la France restera nulle à l’étranger), augmentons le niveau du B2i en fin de CM2 (sinon la France restera pauvre en ingénieurs), laissons l’EPS devenir du sport, avec des vrais sportifs à la place des profs (sinon la France restera ridicule aux jeux Olympiques) ! Soyons ambitieux ! C'est sûr qu'en bourrant les emplois de temps à mort, on finit par trouver qu'il n'y a plus assez de journées pour tout faire ! Tout cela coûte cher, de plus en plus cher, donc c’est bien, c’est la preuve que l’on s’intéresse de près au bien-être des enfants et à la qualité de l’enseignement en France. Plus on paye, mieux c’est !
(ah ! si j'avais vécu au temps des cornettes des soeurs de St Vincent!)
Alors quitte à payer... on ne pourrait pas mettre en peu plus d'instits ?
Une idée simpliste, comme ça... On ferait redescendre les effectifs... On aurait des classes à 18 ou 20... Du temps pour accompagner les moins performants... moins de bruit, moins de stress, moins de minutes perdues à s'installer, se mettre au travail, faire le silence, gérer toutes ces "petits cailloux dans la chaussure" qui font des journées de classe des temps lourds, d'une efficience parfois carrément négative... Y a alléger et ... alléger ! Je ne suis pas sûre qu'on cherche à alléger ce qu'il faudrait !
Adultes, enfants, on sortirait de nos journées qui pourraient faire 7 heures, je vous jure, sans être trop longues si seulement elles étaient faites avec un minimum de sérénité ! Parce qu'on aurait du temps pour chacun (le temps, c'est de l'argent, non?), parce qu'on aurait le temps de prendre du temps quand il y en a besoin.
Mais bon, ce que je dis là, hein, c'est juste une opinion de prof (25 ans dans la fonction, sur le terrain, quand-même!), pas une étude construite et intelligente de Tête Pensante des Hautes Sphères ! Qu'est ce qu'en connais, moi, du rythme scolaire de l'enfant, d'abord ???
La ferme ! la Gazetière ! ;-))
NDLR : les belles photos sont de Robert Doisneau, vous l'aurez reconnu ! Sauf la classe de Miss Cornette, évidemment !