Trier, jeter, s'alléger.
Me connaît-on un brin, on sait que j'adore ça.
Vider les placards, débarrasser les armoires, désherber les bibliothèques : une occupation qui revient comme un marronnier dans ma ligne de temps, par crises aiguës, justifiées par des aménagements, déménagements, réaménagements, changements de saison...
Qu'il est bon de transporter des énormes sacs de linges, de lourds cartons de livres, des boîtes-pleines-de-bidules étiquetées " A oublier" ! (Car telle est ma technique lorsque je coince et que j'ai du mal à me déposséder : je range soigneusement les trucs qui ne me servent pas que j'ai scrupule à sortir de ma vie, par sentimentalisme, par doute, par, par, par... Je ferme hermétiquement le carton, j'écris dessus au marqueur "à oublier" et je laisse faire la nature. Quelque temps après, je tente de réciter le contenu. En principe, je n'en sais fichtrement plus rien : cela veut dire que le carton est mûr, prêt à être récolté...et donné ! C'est très très efficace contre tout remords et regret! Évidemment, cela ne fonctionne que pour les gens qui ont une mémoire sujette à évaporation rapide...)
Bon, bref, la plupart du temps, tout va bien.
Sauf que là, dimanche, je suis tombée sur le cas qui montre que des fois, je vais un peu trop vite*.
Oh ! rien de grave, je vous rassure !
Rien d'irréparable, loin de là !
Juste un malheureux bouquin, un poche, que j'ai jeté en pâture il y a peu pour dégager mes rayonnages.
C'est en voyant le doodle que le regret m'a étreinte.

Non que je trouve cela dommage de donner mes livres : pour la plupart, je m'en fiche complètement ! J'aime la LECTURE, pas les LIVRES. L'objet me tient rarement à cœur, sauf s'il est tendrement associé à la personne qui me l'a offert.
Ce que je regrette, c'est le livre que j'ai acheté avec gourmandise, dont je me suis régalée par avance, que je n'ai finalement pas réussi à lire, que j'ai bazardé, dont je relis la critique...et que j'ai à nouveau une irrépressible envie de lire !
Le R.V. raté, quoi. La belle Histoire sentimentale rêvée jamais commencée, finie avant même d'avoir débuté. Le fantasme, en un mot comme en cent.
Exactement le cas dont je vous parle :
Le Maître et Marguerite
de Mikhaël Boulgakov
Celui-là, il a tout pour me plaire.
"L'action principale du livre a lieu dans le Moscou des années 1930, où Satan se manifeste sous l'identité d'un mystérieux magicien accompagné d'une troupe hétéroclite composée d'un valet ex-chef de chœur, d'un chafouin et bavard chat noir , d'un tueur, ainsi que de la sorcière Hella. La troupe prend pour cible l'élite littéraire(...)
Le livre débute par une discussion sur l'existence de Dieu entre le chef de la scène littéraire bureaucrate, Berlioz, athée notoire, et un gentleman étranger très poli (Satan)(...) Apparaît le personnage du Maître, un auteur aigri, désespéré par le dénigrement et le rejet dont a fait l'objet son roman sur Ponce Pilate et le Christ, au point d'en avoir jeté au feu le manuscrit avant de se détourner du monde, y compris de son aimée Marguerite (...)
La deuxième action se situe à Jérusalem, sous le gouvernement du procurateur Ponce Pilate. Ponce Pilate rencontre Yeshua Ha-Nostri et se découvre une affinité spéciale pour cet homme et même un besoin spirituel de lui ; ce qui ne l'empêche pas de se résigner à le livrer à ceux qui veulent sa mort (..) "
Etc. Etc.
Trois récits convergent, 2000 ans se passent. Résurrection, critique politique... L'eau à la bouche, quoi !
Autant dire que je me suis jetée dessus il y a deux ou trois ans, quand je l'ai découvert.
Et puis...la rencontre n'a pas marché. Pourquoi, je ne sais plus. Je manquais de disponibilité. D'autres sont venus se mettre sur ma route : des plus urgents, des plus faciles, des cadeaux... Le maître et sa maîtresse sont partis dormir sur mes étagères. Un peu trop longtemps. Un peu trop dessous, trop bas sous la pile. Ils ont changé de place, migré d'un TAL (Tas A Lire, NDLR) à l'autre, pour échouer, je ne sais pas comment, pas de bol, dans la bibliothèque victime de ma dernière razzia. La crise de vide a tourné à l'autodafé, et, je l'avoue, c'est une erreur judiciaire. Je ne les ai plus reconnus, je ne savais plus qui ils étaient.
Jusqu'à dimanche.
Où ça a fait tilt...un peu tard.
J'ai envie de lire ce liiiiiivre !
Gott sei dank, Priceminister est là. Achetez, rachetez, il en restera toujours quelque chose ! ;-D
* freine, tire un peu plus fort sur les rênes ...