9 mars 2012
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Lecteurs chéris, je ne vous raconte pas mes chères conférences au centre Yavné, je ne me la joue pas rabbin Krygier enseignant à la yechiva, je ne vais pas me livrer ici devant vous à un exercice passionnant d'exégèse ou d'herméneutique. Non, je n'interrogerai aucun texte biblique pour asseoir et illuminer ma foi, et cependant je vais bien assumer ici, fidèle au titre de cet article, un acte de foi. Acte de foi à la manière de M. Jourdain faisant de la prose sans le savoir. Acte de foi total et définitif, intrinsèque à ma nature.
Face à l'austère science et à ses affirmations aussi grises que révoltantes, je le dis, je le crie, je l'écris :
Face à l'austère science et à ses affirmations aussi grises que révoltantes, je le dis, je le crie, je l'écris :
JE CROIS AU ROSE !
Évidemment, me direz-vous ! C'est quoi l'histoire ? Elle nous fait quoi , la Gazetière ? Mal remise de sa grippe de l'autruche qui lui a grillé ses vacances ? Les méninges commotionnées, peut-être ? Que nous clame-t-elle qu'elle croit au rose ? On avait bien remarqué que c'était SA couleur, alors, il est où le truc ? L'argument de l'article ? Cela a-t-il quelque rapport avec son doodle de filles d'hier ? Avec le nom de sa Gazette ?
Je vous imagine plongés dans un abîme de perplexité, qui ne doit pas être rose, car si les sentiments ont une couleur, le doute n'est certainement pas rose.
Bon, alors, pour résumer, je fus informée tôt ce matin d'une allégation soi-disant scientifique et certainement grave : le rose n'existe pas.
Non, vous ne rêvez pas. La pensée, au mode indicatif, est aussi brève qu'assommante, brute de décoffrage, ouvertement provocatrice.
Lecteurs (et les autres), vous vivez dans l'illusion !
On n'avait pas oublié Platon et sa caverne, on savait, fréquentant de près ou de loin la pensée bouddhiste, que "tout n'est qu'illusion", on veut bien entendre les interrogations de la physique quantique sur la réalité de l'atome, mais quand même, y a des limites, et LE ROSE est en-deçà des limites. Protégé. Ma machine mentale bloque carrément et REFUSE d'adhérer à un propos si TRISTE et DÉSESPÉRANT !
Les scienceux, qui feraient mieux de chercher des vaccins contre les maladies graves ou trouver des méthodes pour lutter contre la gravité au niveau du menton, n'ont rien trouvé de mieux que de s'attaquer à une pauvre couleur qui n'avait rien demandé, la plus tendre, douce et inoffensive des couleurs, la couleur des cupcakes par excellence, celle du dimanche gaudeate, celle de mes santiags préférées et puis, tout de même, celle de deux Angels sur trois. Ce qui n'est pas peu.
Donc, une source : ici
Et une autre, avec démo visuelle à l'appui : là !
(notez que la démo est en anglais, déjà, c'est peu convaincant...)
Et maintenant, lisez : les mots sont sordides. "angle mort", "palliatif". Pas étonnant ! Sans le rose, la vie vire au noir....
On apprend que "la couleur rose est composée de la lumière rouge et bleue et que nos yeux les voient ensemble pour former du rose."
Là, c'est mieux. Comme le chantait ce cher Joe (qui y croyait, lui, au rose, j'en suis sûre) "et si tu n'existais pas (...) ce serait pour te créer..." (etc.) Si ça n'existe pas, tant pis, on l'invente. Oui, on lit plus loin que le rose (magenta) "est le résultat de l'interprétation par le cerveau de l'excitation des cônes de la rétine de l'oeil frappés par des rayons lumineux rouges et bleus de même intensité." Pour les décrocheurs qui auraient abandonné la phrase avant la fin, compendieusement, le cerveau fait comme si.
Pour "prouver" son athéisme colorisant, le savant argue que "le rouge est d'un côté de l'arc-en-ciel, le violet d'un autre, ce qui est un problème:" Voir les nuances entre ces deux pôles serait du domaine de l'invention. Ok. Simpliste, m'est avis, avec un besoin patent de dramatisation : je ne vois là aucun problème que je ne puisse résoudre.
Pour voir le rose mon cerveau interprète, donc il fonctionne intelligemment. Ah si, si, intelligemment. Il ne se laisse pas berner par l'éloignement du bleu et du rouge sur l'arc en ciel. Il recrée la zone intermédiaire et comble le vide apparent : la boucle est bouclée, et je dis BRAVO et MERCI à mon cerveau. Voilà. En conclusion : voir du rose est une preuve d'intelligence, voire de survie.
Et puis, de toute façon, il a bon dos l'arc-en-ciel.

Parce que, comme le dit une professeur experte dans la couleur (?) :«Si on prend un tube de peinture rouge et qu'on y ajoute du blanc, ça fait du rose. Techniquement, c'est vrai qu'on ne peut pas générer du rose avec les couleurs de l'arc-en-ciel. Mais on peut mélanger d'autres couleurs dans la lumière pour obtenir du rose.»
CQFD.
La Gazette s'arrêtera donc sur cette note rassurante : non seulement le ROSE, on le VOIT, on peut le FABRIQUER, mais en plus on peut l'ADORER et même NE PAS l'aimer du tout.
Alors si avec ça il s'en trouve encore qui sont persuadés que le ROSE N'EXISTE PAS, sans doute pensent-ils aussi que l'Homme n'a jamais marché sur la lune, que Lady Diana et Michael Jackson sont encore en vie, enlevés à titre de représailles par la famille de l'inconnu de Roswell et que les Twin Towers n'ont pas été détruites par des terroristes...
Eh bien, à ce stade, on ne peut plus rien pour eux !