Lecteurs bien-aimés, ça y est c'est fait : j'ai reçu ma deuxième injection, et avec adjuvant.
Je ne parle pas DU vaccin, non, hein ! Évidemment pas : puisque de toute façon, non seulement je n'ai pas eu de première fois, mais en plus, ce vaccin-là, on le sait maintenant, ça marche en un seul tour, comme les élections du personnel (et ça tombe ultra merveilleusement bien parce que déjà, une seule piq-piq pour les prioritaires munis du ticket gagnant, ils n'arrivent plus à assumer, alors, 2, vous imaginez l'engorgement ! )
Bon, bref, au fait, ZigoBelle, au fait !
L'injection dont je vous parlais, c'est ma mini-cure bisannuelle de TANGO !
Je l'ai faite ce dimanche, version non-participative mais contemplative, au Casino de Bordeaux, en compagnie du meilleur adjuvant dont je pouvais rêver pour rendre encore plus jubilatoire cette nécessaire piqûre de rappel tanguesque.
Ô'tango, spectacle venu de Buenos Aires.
Une vie traversée par le tango, des premières années du 20e siècle jusqu'au années 50.
Si j'ai bien compté, 10 danseurs, 5 musiciens et 2 chanteurs, soit 17 artistes qui ont oeuvré pour nous faire partager la magie de cette musique et de cette danse.
Palme d'or à la chanteuse, longue et gracieuse jeune femme brune à la voix incroyablement chaude, vibrante, profonde.
Grand bravo à l'orchestre, qui a ressuscité des standards de toutes les époques avec dynamisme et passion. Un piano véloce, un bandonéon dramatique comme il faut, des violons ardents, une contrebasse vibrante : notre coeur s'accordait à la pulsation de la musique et nos pieds fourmillaient du désir de la piste.
Au milieu de décors joliment baroques, les couples, avec l'élégance et la grâce qu'on attendait d'eux, ont pratiqué un tango de scène spectaculaire, certes, mais sans trop d'excès, ce qui est pourtant souvent le cas dans les spectacles de cet acabit. Bien sûr, on n'était pas dans une milonga de Buenos Aires, où la place est tellement comptée que les pas se discernent à peine, et que tout l'art du tango se révèle dans l'abrazo et la marche du couple. Ici, l'espace est vaste et les chorégraphies permettent des ganchos, voléos et autres fioritures d'envergure impressionnante ! Notons aussi, vu le degré de technicité et de professionnalisme de la troupe, la vitesse d'éxécution des figures : tout bonnement sidérante, notamment lors de la délicieuse et joyeuse milonga du tableau du petit bal aux lampions. Bien entendu, il y avait quand même quelques tangos un peu plus tempérés, de ceux qui m'émeuvent particulièrement...
Petit instant où la critique devient moins flatteuse (il faut bien nuancer ce qui peut l'être) ...
Le problème, avec le tango, c'est qu'il est par essence tellement empreint de sensualité que le risque est toujours grand de dépasser la ligne...
La pulsation de cette musique, qui court comme le sang dans les veines, les gémissements des cordes et les soupirs du bandonéon, les pieds qui frôlent le sol avec la pression d'une caresse appuyée, le regard des partenaires avant qu'ils s'enlacent : tout parle d'amour et de désir, et un rien peut faire tomber facilement dans le mauvais goût... ou même la vulgarité.
Dans Ô'Tango, rien à dire sur le style de la danse mais, de l'avis de votre Gazetière, un peu de dérapage au niveau des costumes, du moins à la fin.
Bon, au départ, le trait était un peu trop appuyé, qui posait la traditionnelle ambiance des bordels (appelons un chat un chat) où le tango fit historiquement son nid. Les corsets, bas et jarretelles se justifiaient, si on en désirait, mais je ne les ai pas trouvés de la meilleure coupe : jupons trop courts, qui ne servaient pas la ligne des danseuses mais leur donnaient quelques airs de "derrière de Donald". J'ai sincèrement vu des évocations de dames galantes plus savamment sexys, où l'on en exposait moins mais où plus était suggéré.
Vous me direz qu'au regard de la Traviata qui fut donnée pour la réouverture de la Fenice en novembre 2004, quand Violetta chante tout le premier acte sur son lit à draps de satin recouvert de billets de banque, en guêpière et bas noirs sous déshabillé 100% transparent, notre petite maison close portègne c'était le pays de Candy... :-)
Mais à part ces petites touches peu stylées qui ne dénaturent pas l'origine de notre chère danse, ce fut un spectacle enthousiasmant, riche de ses chants à qui l'on avait réservé une belle part, un beau spectacle complet au service de l'éternel et inimitable
Et donc...
un immense MERCI à mon ADJUVANT !!!