Ce matin, trois garçons au CDI, genre ceux qui ont mué et dont la grosse voix, malgré leurs efforts, bourdonne et crée un bruit de fond pénible... Ils se précipitent vers un livre, un seul, gros, s'installent vite. A tous les coups : le Guiness des records. Table la plus éloignée de mon bureau, mais je les vois quand même très bien. Je regarde vaguement, l'un semble faire la lecture aux autres, qui commentent ou questionnent... je ne sais. Ils ne chuchotent pas assez, je leur demande de faire moins fort. Re. Et re. Finalement, je me rends à la source du problème et vais voir un peu ce qui génère ce bourdon. Sur la table, c'est la Bible. Le chapitre, c'est la Genèse.
Sans rire, Vincent lit la Bible à ses copains. "Comme dans les monastères, madame".
Ils sont en 5ème et, en effet, la vie des moines, l'influence de l'Eglise, le roman, le gothique... c'est leur programme de lettres et d'hist-gé en 5ème. Ils "jouent aux moines". Ils ne s'asticotent pas, ne se laissent pas aller à ce langage si grossier qui leur vient si aisément... L'expérience les ravit. Ma foi, moi aussi. Instant de grâce !!! :-D
Y a d'la joie, ici : ce soir, on est en vacances !
Au handball, figurez-vous, on ne pivote pas.
Heureux hasard, je passais à une heure inhabituelle dans la cour lorsque Mme M., prof d'EPS de son état, mimait à ses élèves le bon geste (qui était peut-être une passe de ballon) et le geste-à-ne-pas faire. Or donc, comme je le disais, au handball, on ne pivote pas. Mais au basket, si. On peut. Les élèves écoutaient, apparemment intéressés et convaincus. Quant à moi, je savoure cette connaissance toute neuve. Dieu seul sait pourquoi, Il a décidé que j'entendrai cette parole aujourd'hui, et qu'enfin, après presque 4 douzaines de printemps, ma vie sera désormais un peu différente. Parce que, maintenant, je sais. Et ça me plaît. Je sais, vous ne comprenez pas pourquoi ça me plaît. Moi non plus, du reste.
La rose est sans pourquoi, elle fleurit parce qu'elle fleurit *...
Juste, sous le soleil, dans les parfums de fleurs, dans le quasi silence si rare de la cour, cette phrase qui a sonné, à cette seconde-là, comme une clochette de poésie.
Y a d'la joie, ici : ce soir, on est en vacances !
* Angelus Silesius (1624 –1677), poète allemand, est né à Breslau, en Silésie (aujourd'hui Wroclaw en Pologne).