26 mai 2007
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18:28
Si le beau temps n'est pas là, les candidats aux législatives, eux, fleurissent dans les rues!
Nos correspondants locaux nous informent qu'ils attendent de pied ferme les clients rescapés de la pluie diluvienne aux portes des supermarchés de Toulouse.
Autant de pluie à Bordeaux et des politiques motivés : laissez-moi vous conter les aventures merveilleuses de votre gazetière en cet après-midi météorologiquement morose à pleurer...
Figurez-vous la scène : on est rue Fondaudège, dans un petit commerce (pas de publicité sur la Gazette).
Il pleut mais il fait lourd, les portes sont ouvertes.
Et qui voit-on entrer, sourire aux lèvres, imper beige boutonné du premier au dernier bouton?
hein, hein, hein???
Monsieur Alain Juppé, maire de Bordeaux et MINISTRE D'ETAT !!! (parce que moi, je suis fonctionnaire d'Etat, alors l'Etat, ça compte!)
La Cour le suit, bizarrement sans garde du corps identifiable, même sourire sur chaque visage, et quelques caméras et micros.
Apparemment, il vient parler du problème du tramway : va-t-il ou non passer rue Fondaudège??? Le commerçant veut savoir, Juppé ne veut pas répondre. Langue de bois...c'est lui le plus fort, t'en fais pas, tu ne gagneras pas à ce jeu-là : ta réponse franche, gentil marchand, tu ne la lui arracheras pas!
Bon, le petit conciliabule terminé, on va passer aux choses sérieuses...
Chantal Bourragué, maintenant à la perfection une distance de un pas derrière le Boss quel que soit le mouvement de celui-ci, arbore un sourire encore plus scintillant et dévorant qu'à la sortie de la messe à la Trinité le dimanche ou au vernissage de l'expo de Mitau.
L'heure est venue de chasser l'électeur. A cette heure-ci, la boutique est quasi vide. Pour tout dire, on est deux. Serrage de mains.
Moi, Zigobelle, aujourd'hui, j'ai serré la main de l'unique et tout neuf ministre d'Etat (si je ne m'abuse) du premier gouvernement Fillon du premier quinquennat de Sarkozy (hein? quoi? non je ne suis pas pessimiste, j'énonce des faits, sans projection, c'est tout).
Serré la main, vous entendez bien??? Comme dirait mon gentil voisin (après la sortie de la troupe, je vous rassure) : oh, je ne vais plus me laver la main!
Je me recentre sur mon sujet : la chasse au renard !!! (le renard, bien entendu, étant une allégorie pour désigner subtilement l'électeur ou plus exactement la VOIX, le SUFFRAGE exprimé.)
On en était au moment émouvant où Juppé me tend la main..
Il me salue : bonjour Madame, Bonjour Monsieur Juppé.
Vous êtes Bordelaise? (hihihi...)
Oui monsieur.
CLING! Plus 10 points pour moi ! Je suis un renard à la fourrure de qualité...
Chantal Bourragué prend des couleurs, et une longue respiration...puis elle remonte à la droite du père Tout-Puissant. Le numéro est bien réglé : comme au trapèze volant! A peine est-elle à sa hauteur qu'il me la présente : Madâââme Bourragué... Il sourit. Je souris. Elle sourit. On sourit tous. Ici, tout le monde sourit. Dehors, il fait un temps de m..., mais là, y a du soleil et du sourire à revendre.
A elle de parler.
Vous êtes du quartier? (Traduisez : vous votez dans la circonscription?)
Presque, juste à côté (le geste de votre Gazetière désignant la direction Grand-Parc/Chartrons)...
CLING ! Plus 1000 points pour moi! Je suis un renard à la fourrure de luxe!
Du coup, je gagne une petite brochure en papier glacé qui sort à point nommé de la poche de l'imper de madame Bourragué (oui, elle a des poches qui ont été cousues exprès à la dimension du tract UMP ou alors, le tract a été édité à la taille exacte de la poche de son imper, je ne sais pas, cela m'interroge et m'épate, une telle organisation...!)
Sur la brochure, c'est beau, y a la même dame blonde que celle qui me fait le cadeau, avec le même collier de perles et le même sourire, comme celui de Madame de Fontenay, mais sans le chapeau.
Et derrière elle, un peu en retrait (c'est normal, parce qu'il est juste suppléant, alors il doit marcher derrière, c'est le protocole), y a l'homme à qui mon collège doit tout, le maire du Bouscat.
Il sourit moins grand que Chantal, le Patrick, et il regarde un peu loin, au-delà de nous, vers l'horizon... et il est décontracté : il tient sa veste d'un doigt, négligemment posée sur son épaule, un peu comme une cape de torero...ça fait genre, y a pas à dire.
Sous ce couple charmant, y a un bandeau bleu outremer où on m'ordonne, très simplement et en toute franchise, de voter Chantal Bourragué.
Le message est clair, pas subliminal pour deux sous.
Et je vais vous dire comment on va m'inciter, précisément, à voter pour la dame...
Le tract s'ouvre, et se déplie en trois feuilles.
Sur celle de droite, y a des mots en gros caractères, des mots comme AGIR, TRAVAIL, ENVIRONNEMENT... ça vous rappelle des gens, ces mots-là? Moi aussi...
Et sur les deux premières pages, ce sont des belles images. Des photos comme dans Point de Vue. Madame Bourragué est indéniablement une femme HEUREUSE : pas un cliché où elle fasse la tête. Non, un sourire inébranlable. On sent bien que si on vote pour elle, on pourrait en attraper un peu de cette joie -là.
La plus belle photo, elle est placée là où il faut : en bas, pile au milieu.
C'est un double portrait, un homme, une femme, ils s'entendent bien puisqu'il a sa main sur son épaule, à elle. Comme ça, ami, hein, c'est correct même si l'ambiance est décontractée. Elle, elle a une belle veste de tailleur bleu, un peu le même bleu que sur la couverture du tract, un beau bleu de piscine, ça va bien avec ses yeux et son collier de perles, ça fait rêver de mer du sud. Lui, vous l'aurez deviné, lui, c'est Nicolas en personne. Il a la chemise un brin débraillée, pas de cravate, on est entre potes, on n'est pas guindés hein!
Il sourit sans les dents, avec un air doux en la tenant contre lui notre petite Chantal... Allez, votez pour elle, finissez le travail, vous ne le regretterez pas...
Je vous fais grâce de la suite de la plaquette que j'ai gagnée, chanceuse que je suis. Et voilà. Juju m'a gentiment dit au-revoir et est reparti pour de nouvelles aventures exaltantes, la troupe sur ses talons.
Les chiens aboyaient, les cors sonnaient, les chevaux piaffaient, les boutons des magnifiques tenues brillaient... la chasse royale au renard continuait....
Nos correspondants locaux nous informent qu'ils attendent de pied ferme les clients rescapés de la pluie diluvienne aux portes des supermarchés de Toulouse.
Autant de pluie à Bordeaux et des politiques motivés : laissez-moi vous conter les aventures merveilleuses de votre gazetière en cet après-midi météorologiquement morose à pleurer...
Figurez-vous la scène : on est rue Fondaudège, dans un petit commerce (pas de publicité sur la Gazette).
Il pleut mais il fait lourd, les portes sont ouvertes.
Et qui voit-on entrer, sourire aux lèvres, imper beige boutonné du premier au dernier bouton?
hein, hein, hein???
Monsieur Alain Juppé, maire de Bordeaux et MINISTRE D'ETAT !!! (parce que moi, je suis fonctionnaire d'Etat, alors l'Etat, ça compte!)
La Cour le suit, bizarrement sans garde du corps identifiable, même sourire sur chaque visage, et quelques caméras et micros.
Apparemment, il vient parler du problème du tramway : va-t-il ou non passer rue Fondaudège??? Le commerçant veut savoir, Juppé ne veut pas répondre. Langue de bois...c'est lui le plus fort, t'en fais pas, tu ne gagneras pas à ce jeu-là : ta réponse franche, gentil marchand, tu ne la lui arracheras pas!
Bon, le petit conciliabule terminé, on va passer aux choses sérieuses...
Chantal Bourragué, maintenant à la perfection une distance de un pas derrière le Boss quel que soit le mouvement de celui-ci, arbore un sourire encore plus scintillant et dévorant qu'à la sortie de la messe à la Trinité le dimanche ou au vernissage de l'expo de Mitau.
L'heure est venue de chasser l'électeur. A cette heure-ci, la boutique est quasi vide. Pour tout dire, on est deux. Serrage de mains.
Moi, Zigobelle, aujourd'hui, j'ai serré la main de l'unique et tout neuf ministre d'Etat (si je ne m'abuse) du premier gouvernement Fillon du premier quinquennat de Sarkozy (hein? quoi? non je ne suis pas pessimiste, j'énonce des faits, sans projection, c'est tout).
Serré la main, vous entendez bien??? Comme dirait mon gentil voisin (après la sortie de la troupe, je vous rassure) : oh, je ne vais plus me laver la main!
Je me recentre sur mon sujet : la chasse au renard !!! (le renard, bien entendu, étant une allégorie pour désigner subtilement l'électeur ou plus exactement la VOIX, le SUFFRAGE exprimé.)
On en était au moment émouvant où Juppé me tend la main..
Il me salue : bonjour Madame, Bonjour Monsieur Juppé.
Vous êtes Bordelaise? (hihihi...)
Oui monsieur.
CLING! Plus 10 points pour moi ! Je suis un renard à la fourrure de qualité...
Chantal Bourragué prend des couleurs, et une longue respiration...puis elle remonte à la droite du père Tout-Puissant. Le numéro est bien réglé : comme au trapèze volant! A peine est-elle à sa hauteur qu'il me la présente : Madâââme Bourragué... Il sourit. Je souris. Elle sourit. On sourit tous. Ici, tout le monde sourit. Dehors, il fait un temps de m..., mais là, y a du soleil et du sourire à revendre.
A elle de parler.
Vous êtes du quartier? (Traduisez : vous votez dans la circonscription?)
Presque, juste à côté (le geste de votre Gazetière désignant la direction Grand-Parc/Chartrons)...
CLING ! Plus 1000 points pour moi! Je suis un renard à la fourrure de luxe!
Du coup, je gagne une petite brochure en papier glacé qui sort à point nommé de la poche de l'imper de madame Bourragué (oui, elle a des poches qui ont été cousues exprès à la dimension du tract UMP ou alors, le tract a été édité à la taille exacte de la poche de son imper, je ne sais pas, cela m'interroge et m'épate, une telle organisation...!)
Sur la brochure, c'est beau, y a la même dame blonde que celle qui me fait le cadeau, avec le même collier de perles et le même sourire, comme celui de Madame de Fontenay, mais sans le chapeau.
Et derrière elle, un peu en retrait (c'est normal, parce qu'il est juste suppléant, alors il doit marcher derrière, c'est le protocole), y a l'homme à qui mon collège doit tout, le maire du Bouscat.
Il sourit moins grand que Chantal, le Patrick, et il regarde un peu loin, au-delà de nous, vers l'horizon... et il est décontracté : il tient sa veste d'un doigt, négligemment posée sur son épaule, un peu comme une cape de torero...ça fait genre, y a pas à dire.
Sous ce couple charmant, y a un bandeau bleu outremer où on m'ordonne, très simplement et en toute franchise, de voter Chantal Bourragué.
Le message est clair, pas subliminal pour deux sous.
Et je vais vous dire comment on va m'inciter, précisément, à voter pour la dame...
Le tract s'ouvre, et se déplie en trois feuilles.
Sur celle de droite, y a des mots en gros caractères, des mots comme AGIR, TRAVAIL, ENVIRONNEMENT... ça vous rappelle des gens, ces mots-là? Moi aussi...
Et sur les deux premières pages, ce sont des belles images. Des photos comme dans Point de Vue. Madame Bourragué est indéniablement une femme HEUREUSE : pas un cliché où elle fasse la tête. Non, un sourire inébranlable. On sent bien que si on vote pour elle, on pourrait en attraper un peu de cette joie -là.
La plus belle photo, elle est placée là où il faut : en bas, pile au milieu.
C'est un double portrait, un homme, une femme, ils s'entendent bien puisqu'il a sa main sur son épaule, à elle. Comme ça, ami, hein, c'est correct même si l'ambiance est décontractée. Elle, elle a une belle veste de tailleur bleu, un peu le même bleu que sur la couverture du tract, un beau bleu de piscine, ça va bien avec ses yeux et son collier de perles, ça fait rêver de mer du sud. Lui, vous l'aurez deviné, lui, c'est Nicolas en personne. Il a la chemise un brin débraillée, pas de cravate, on est entre potes, on n'est pas guindés hein!
Il sourit sans les dents, avec un air doux en la tenant contre lui notre petite Chantal... Allez, votez pour elle, finissez le travail, vous ne le regretterez pas...
Je vous fais grâce de la suite de la plaquette que j'ai gagnée, chanceuse que je suis. Et voilà. Juju m'a gentiment dit au-revoir et est reparti pour de nouvelles aventures exaltantes, la troupe sur ses talons.
Les chiens aboyaient, les cors sonnaient, les chevaux piaffaient, les boutons des magnifiques tenues brillaient... la chasse royale au renard continuait....