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28 août 2009 5 28 /08 /août /2009 12:03
Jeudi ou les limbes de l'Atlantique ;-) (scuzes, M.Tournier...)
Ou Zigobelle Crusoë.

Vous l'aurez compris, lecteurs perspicaces, on va parler ici d'une aventure en solitaire.
Hier en fin d'aprem, la Bottine, QG de la Gazette.
Tout est prêt : Marie-Katherine de Russie et moi-même partons passer le week-end (oui, il commence tôt) "à la campagne". Ce sont les agréables petites habitudes qui reprennent : quelques nuits loin de la circulation et des bruits de la ville, de potentielles proies pour ma chasseuse d'élite, un poirier qui n'attend que mon courage pour offrir ses fruits à mon art des confitures... Bref : que du bonheur !
A l'accoutumée, je ne pars pas les mains vides, d'autant qu'il y a un gros sac poubelle à descendre. Il fera donc l'objet d'un premier voyage jusque dans ma cour/garage, et je laisse tout le reste de la caravane, la Tiou! y compris, le temps de me débarrasser de la chose.
Clés (pour la porte d'en bas), boîtier électronique pour le garage, hop-hop ! votre Gazetière, le pied allègre, descend donc son bel escalier de pierre à toute volée et s'engouffre dans la cour de la Bottine, sourire aux lèvres et  coeur léger.
Confirmation des hypothèses antérieures : le proprio est bel et bien en vacances et personne n'a sorti les bennes depuis.... (là, je précise que le monsieur est maniaque et qu'il redoute de laisser ses poubelles dans la rue à la merci des mauvaises gens, c'est donc toute une histoire, que je ne détaillerai pas ici). Il me semble que c'est le moment où jamais de jouer la concierge et de prendre en main cette fonction de haute responsabilité. Certes, je ne bénéficie d'aucun mandat, mais enfin, là, y a légitime défense ! On ne peut décemment plus rajouter aucun sac dans cette benne débordante ! La Zigo ne fait ni une ni deux : elle s'empare de la chose à roulettes, qui est rangée contre le mur, bloquée, lourde, pas maniable... C'est dur à faire pivoter, je n'ai pas assez de mains et je ne veux surtout pas finir étalée par terre, gisant lamentablement sous la poubelle renversée, au milieu de grosses poches éventrées.... berk !
Tout à l'évitement de cette vision d'horreur, je laisse malencontreusement tomber LE BOÎTIER.
FATAL ERROR !!!
Je pilote tant bien que mal mon camion-poubelle, ramasse ma petite contribution du jour (qui ne rentre pas, évidemment) et mon petit sésame électronique.
Clic, clic, clic. La bête est dans le coma et la porte du garage reste résolument (et connement) fermée.
Le calme règne dans ma cour. Il est dans les 17 heures ce jeudi 27 août.
Température extérieure à l'ombre : 29°C.
Ressentie : 32°C.
Clic, clic, clic. Sur l'échelle de Glasgow (celle qui sert à "mesurer" le coma), le score est carrément bas.
Du calme, Zazabelle, du calme.
Je lève la tête vers les fenêtres.
Sans vouloir plagier la chanson de Renaud.....
L'appart du 3e : deux étudiants en socio/psycho très logiquement en vacances.
Au second : mes adorables jeunes mariés....mais profs, dommage : pas là non plus, le glas de la rentrée n'a pas encore sonné !
Au premier, votre gazetière : la seule à pouvoir appeler les secours, c'est Katiusha et je me souviens avec agacement que j'ai justement oublié de la dresser pour faire ça. Néanmoins, la pauvre bête fait ce qu'elle peut, et, trouvant le temps long alors qu'elle a revêtu son harnais de voyage (merci Bruno), elle a migré sur le balcon d'où elle a commencé une litanie d'appels à mon endroit, miaous déchirants qui vont crescendo et que j'entends, à mon grand désespoir, à travers la porte du garage.
Au rez-de-chaussée, M. Lalouette. M. Lalouette aime la musique et quand il est là, ça s'entend. Or, depuis que je suis rentrée, un silence de bibliothèque règne dans ce hall. M. Lalouette a quitté le nid ce mois-ci, c'est clair.
Au sous-sol, c'est l'antre pro de mon proprio. Hélas ! Le monsieur vaque loin d'ici et sa secrétaire également.
De toute façon, tous les indices sont réunis, qui me prouvent que je suis seule au monde dans cet immeuble, en plein quartier du Jardin Public ! Tous les volets sont bas. Et dans la grosse benne, y a que mes sacs à moââââ depuis une semaine.....!!!!
Je suis dans un bunker, à défaut d'île déserte, mais je me sens une connivence absolue avec Robinson.
Vous me direz, lecteurs adorés, que c'est un GARAGE et que quelqu'un va bien finir par venir garer sa tuture. Eh bien non, même pas ! Depuis mon retour de villégiature, y a une seule voiture posée là, qui n'a pas bougé et zéro trafic ! On suppose que tout recommencera .... lundi !
Clic, clic, clic. On n'a pas grimpé un barreau vers Glasgow.
Sous le miniscule interstice au bas de la porte, aucune trace d'un passant qui longerait mon immeuble...
Le calme règne dans la rue. Il est dans les 17 heures et des miettes ce jeudi 27 août. Température extérieure à l'ombre : 29°C. Ressentie : 36°C.
Robinson, mon frère, viens à mon secours !
Etat des lieux : j'ai dans les mains mes clés (mais mon appart est ouvert, de toute façon) et mon boîtier à encéphalogramme plat.
Au point où j'en suis, je vais tenter l'opération à coeur ouvert, n'ayant plus rien à perdre.
Et c'est là que la dure réalité me saute aux yeux, oui, précisément : je suis presbyte, de la race qui ne peut plus faire semblant que non, et mes bras sont désormais trop courts pour compenser ce défaut pénible !!! Trépaner le boîtier, je puis, mais traficoter le grand flou à l'intérieur.... Aïe aïe aïe !
Robinson, toi, au moins, t'avais Vendredi ! Mais dans ces je ne sais pas combien de mètres carrés, pas l'ombre d'un Jeudi qui se pointerait inopinément.
Le calme ne règne pas vraiment dans ma tête. La dernière fois que j'étais en contact avec la civilisation, il était dans les 17 heures et des miettes ce jeudi 27 août. Température extérieure à l'ombre : 29°C. Ressentie : 39°C.
Quand aucune voiture ne descend bruyamment ma rue, j'entends ma Fîîîîlle qui hulule...
Je tente un point sur la situation.
Avec un peu d'espoir, Messire, qui a oublié son portable chez moi, va finir par venir le chercher avant lundi matin...
Croyez-moi, dans ces cas d'infinie solitude, on s'accroche à la moindre brindille d'espérance ! Mais bon même ça, ce n'est pas si rassurant. Imaginez : il arrive, il trouve la porte ouverte, les bagages, le chat mort de faim prêt à lui sauter dessus pour le dévorer vivant, de moi aucune trace, mon sac, mes lunettes, mon portable avec 56 appels en absences et RIEN de plus. Et pourquoi aurait-il l'idée de regarder par les fenêtres de derrière dans la cour, hein, pourquoi ???
Même chose si ce sont mes Grillons qui viennent....
Mieux vaut tabler sur le retour au bureau de mon proprio, bourreau de travail à la conscience aiguë : si tout va comme ça devrait dans l'Ordre des Choses, il sera là à 6h00 lundi matin pour SORTIR la poubelle et effectuer son Grand Retour.
Je décide de croire en cette hypothèse : je serai sauvée lundi matin à l'aube. En plus, même pas besoin de faire un feu ou d'inventer un signal compliqué, les secours viendront spontanément  à moi, franchement, j'ai trop de bol !
Je ne sais plus du tout l'heure qu'il est, il fait chaud, mais ma fièvre me quitte doucement.... Certes, je ne me cache pas que le week-end sera long...
Il s'agit donc d'aménager ce laps de temps au mieux en profitant habilement des ressources offertes par l'environnement.
Robinson, mon Maître, je sens ton souffle qui me caresse l'épaule !
Souci numéro un : se protéger du FROID (ben oui, après le 15 août, les nuits sont fraîches!). Dieu soit loué, je porte ma grande robe façon Esméralda. En la drapant habilement, je puis en faire une sorte de fourreau bien englobant. Au pire, je la déleste du dernier volant qui devient, astucieusement, une cape. En cas de baisse des températures qui figurerait dans les records de météo-France depuis 1912, tant pis, je n'hésiterai pas à m'introduire par tout moyen dans le véhicule garé sur MON ÎLE. Mon confort est donc assuré.
Souci numéro 2 : se protéger de la PLUIE. Là, au moins, tout va bien : il y a une grande surface tout à fait à l'abri. Ouf !
Souci numéro 3 : BOIRE et MANGER. Il y a bien un tuyau...mais le robinet nécessite une clef : dommage ! Par contre, ici encore, la chance est avec moi ! Deux murs de la cour sont entièrement tapissés d'une abondante passiflore tout en fleurs et fruits ! De quoi tenir largement les trois malheureux petits jours d'exil imposé !
Souci numéro 4 : garder le MORAL et la FORME. Lecteurs que j'aime et que j'adore : j'ai LA FLEURETTE !!! Je vais pouvoir faire des tours de cour, dans un sens, dans l'autre, en long, en large, en travers... Et le briquer un peu avec les moyens du bord.
Le 5e point étant COMMUNIQUER, on a vu que cela demeurait le souci majeur : mais tout le reste étant réglé, il n'y a plus qu'à entamer cette mini-quanrantaine robinsonique. Je vais apprendre à recueillir la rosée du matin, à tirer parti de tout ce que m'offre cet échantillon de nature : la belle vie, quoi !
En attendant, et sachant que j'ai dorénavant TOUT MON TEMPS, je retente le bidouillage à l'aveuglette du Boîtier de la Mort !
Clic clic clic.
Clic clic clic.
Clic clic clic. KLAAAAAANG ! La LED rouge clignote et le portail, comme si de rien n'était, entame sa montée cliquetante ! Il n'est pas à mi-hauteur que pour un peu, je ramperais dessous avec ma benne débordante. Mais je sais me tenir et c'est la tête haute, le pas mésuré, poussant dignement ma poubelle, que je quitte mon île déserte et mon WE de Castor Junior égaré dans la forêt tropicale, pour aller vivre un repos bien mérité "à la campagne", comme prévu !
Adieu Robinson, et merci pour ta présence ectoplasmique en ces minutes peu ordinaires.
A la fin de cette aventure AVENTURE, je noterai ici deux pensées profondes que je veux partager avec vous, mes fidèles abonnés :

1 - Hier soir, la plus belle chose du monde, c'était sans conteste un portail électrique en train de s'enrouler.

2 - Faudrait que j'accroche mon boîtier à mon téléphone pour être sûre de ne plus JAMAIS DESCENDRE DANS CETTE COUR SANS POUVOIR APPELER LES POMPIERS !!!!!!!!!!

 3 - (oui, finalement, y en a 3) : à venir, un article de la Gazette sur les équipements de survie (ne le manquez pas !!!)
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commentaires

A
Sachez chère Angel 2 que j'oublie de plus en plus souvent mon portable...ou je ne l'entends plus ...quand à votre disparition chère Angel 1...Je fais confiance au Messire qui aurait déplacé montagnes et forêts pour alerter la population de Donaldville pour vous retrouver !!!!
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A
Voilà qui n'arriverait pas à l'Angel 3, suivie partout par son portable.
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M
Quelle aventure et dire que je me suis douté de rien quand tu es arrivé hier soir avec ton sourire habituel. Maintenant que je sais que tu es une rescapée, mon accueil n'en sera que plus chaleureux et attentionné.
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A
J'ai suivi ce feuilleton avec la fébrilité propre aux gens un peu claustro sur les bords ! Cette aventure m'a beaucoup plu. Je crois que moi, la première chose que j'aurais fait par contre, c'est d'essayer de soulever le rideau de fer, ou de crier "Au secours" en frappant la ferraille comme une autre aurait beuglé "Geoffrey" !Je crois d'ailleurs faire partie du lot des 56 appels en absence ! BizBiz
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Z
<br /> T'as raison : ça ressemblait finalement à un grand ascenseur paysagé!!!! <br /> <br /> <br />