Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
22 avril 2009 3 22 /04 /avril /2009 11:26
Lecteurs adorés, vous n'aurez pas attendu la lecture de la gazette pour constater que le SOLEIL est là, bien rond, bien chaud, bien brillant au-dessus de nous. Difficile de ne pas rester sous ses rayons caressants... mais il faut bien retourner à l'ombre de temps en temps. Et à ce propos, je viens ici vous faire part d'une découverte délicieuse que je fis il y a peu grâce à David Lodge, par l'intermédiaire de Yvonne et Maurice Couturier. Oui, bon, je les cite par éthique professionnelle, mais ces gens, j'avoue, je ne les connais ni d'Eve ni d'Adam. Ce sont les traducteurs de "Changement de décor", et c'est donc d'eux que j'ai reçu ce mot jusqu'alors inconnu de moi : fuligineuse.
J'ai cherché quelques secondes dans ma petite mémoire étymologique, ouvert de vieilles boîtes, poussé des piles poussiéreuses, déplacé quelques étagères remplies de mots latins : rien. Ma souvenance de quelque mot, voire même quelque infime petit radical était nulle. Rien ne me re-venait, car, rien, je le crains, ne m'était jamais venu en ce qui concerne ce fuligineux. Désespérément absent de mon champ lexical. Franchement, j'ai un pincement de regret, mais il faut bien que je fasse avec (ce manque), étant donné que j'ai longtemps fait sans (ce mot).
Dans le livre, c'était une ombre fuligineuse. Confrontée à une épaisse opacité, je ne savais vraiment comment l'imaginer...

Et quand j'ai enfin eu la signification de notre obscur adjectif, l'ombre ne s'est pas éclairée, figurez-vous! Car fuligineux, ça vient de fuligo, la suie. C'est donc une "couleur", si on peut qualifier ainsi cette fumeuse teinte.
Vous imaginez la couleur ! Noirâtre, ténébreuse... Pas de ces ombres douces et dorées où on se réfugie pour voir les feuilles des arbres par-en-dessous... Pas de ces ombres découpées qui luttent contre les rais du soleil à travers les persiennes les après-midis d'été à l'heure torride de la sieste ...
C'est un noir, mais pas n'importe quel noir, sachons-le. Certains oiseaux, après recherches, sont qualifiés de fuligineux. Dont  un certain albatros, figurez-vous ! Là, franchement, j'en perds mon latin, lecteurs adorés ! Pour moi, benoîtement, l'albatros était blanc, d'albus, évidemment... Eh bien, pas lui ! Lui, il s'est roulé dans la suie, il a donc des tâches de cendre. Apparemment, notre albatros fuligineux est beaucoup moins rare que le merle blanc, qui, si j'en crois Wikipédia, "est un merle noir (Turdus merula) atteint de leucistisme ou d'albinisme." Rare, mais avéré (et photographié).
Ah lala, c'est un brin fuligineux, tout ça... car le mot s'emploie aussi bien au propre (si on peut dire, parce que le blanc fuligineux, ça fait douter de l'efficacité de la lessive qui lave plus blanc que blanc) qu'au figuré. Et il y a des chances que vous entendiez désormais ce mot dans ma bouche pour qualifier, par exemple, les discours et autres explications de mes filles ou élèves....ou pour décrire des émotions ou des états d'âme...
Mais peut-être connaissiez-vous déjà le terme, plus assidus que moi aux cours de latin, ou lecteurs depuis longtemps de David Lodge (qui a un vocabulaire assez riche en anglais pour que Yvonne et Maurice aillent taper plusieurs fois dans la réserve de mots rares, j'en suis le témoin ému).
En ce cas, j'ose espérer que mon article ne fut pas d'une lecture fuligineuse pour vous : et si la réponse, tristement, était que SI, eh bien, je vous encourage à aller mettre le nez dehors quelques minutes : notre bel astre du jour vous fera vite oublier la ténèbre !
Partager cet article
Repost0

commentaires

A
je vois trés bien à quoi peu ressemebler cet adjectif... c'est comme mes idées elles sont fuligénes
Répondre