6 janvier 2009
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18:20
DonaldVille Nord, début janvier 2009.
- Madame, c'est quand que ça sonne (cékankeçasonne) ?
- A l'heure, sans doute, mes petits Loulous. Regardez donc la pendule...
- Non mais, je veux dire, à cette heure-ci, ça sonne à moins 5 ou ça sonne à pile ?
- Ah ben, ça, mes chers petits, j'avoue que je ne sais pas exactement...
Il est vrai que selon les heures, la sonnerie musicale retentit à 50 (récré), 55 ou pile... Histoire de calibrer les"heures" de cours, disons plutôt les plages horaires qui n'ont d'heure que le nom, finalement. Je ne me suis jamais vraiment penchée sur le problème, j'ai juste appris que grâce aux récrés, c'est 9h50 et 15h50. Et ensuite, l'heure suivante, on va jusqu'à pile pile, histoire de compenser les 10 minutes (de fin de récré et de début d'heure, vous suivez?). Sinon, les aléas de la pendule du collège restent un mystère que je ne tente même pas d'élucider. Contrairement aux élèves.
- Qui le sait ?
Tout le monde ou presque, sauf que personne n'est d'accord. C'est une question qui génère un carillonnage allègre dans le CDI, chaque son de cloche se faisant entendre avec conviction.
- Piou piou piou... On débranche, les petits! Le CDI est un lieu de calme et de concentration, une cathédrale de silence, un havre de paix... (dans ce site rempli d'adolescents bruyants (pardonnez-moi ce pléonasme)).
Et le glockenspiel humain se tait... Pas pour longtemps, car en principe, si la question a surgi, c'est que la sonnerie n'était pas loin...
Votre gazetière, qui adore les faux hasards et les vrais clins d'oeil, se dit qu'il faut absolument alimenter la Petite Brocante des Mots avec ce qu'elle vient tout juste d'apprendre : l'heure a sonné de façon claire ! L'heure de raconter un peu comment ça se passait il y a longtemps, loooooooooooongtemps... Bien avant les fuseaux horaires, les horloges atomiques et les satellites. Du temps que les moins de 600 ou 700 ans ne peuvent pas connaître.
Paris, 1350 et des miettes...
Les églises servent d'horloges pour scander les journées. Grande et noble tâche que celle des bedeaux chargés de sonner les cloches aux heures dites ! Noble, mais peu aisée : il fallait être doué et attentif pour savoir exactement quand tirer sur la corde. On imagine sans difficulté l'approximation...et surtout la cacophonie qui régnait dans la ville! Car chacun, finalement, sonnait midi à sa porte...et pas seulement midi. Un clocher donnait le la et les autres enchaînaient... De mémoire historique, ça sonnait de ci de là, à tout-va à et toute heure !
C'est la seconde moitié du 14e siècle, la fin du Moyen âge, donc. Les heures appartiennent toutes à l'Eglise : elle sont dites "canoniales" et durent ce qu'elles doivent, c'est à dire pas toutes pareil, notamment en fonction des prières et des saisons... ! L'Eglise, toute puissante, décrète quand travailler et quand s'arrêter.
Bref résumé (de moitié de cours, ou de mi-article): ça sonne à gauche et à droite, en décalé, de façon plus ou moins arbitraire...
Le roi de l'époque, Charles V, qui sent venir le début de la fin du Moyen Âge, bref, un roi bien dans son temps, décide de remettre les pendules à l'heure. Enfin, si on peut dire. Le sage souverain, passionné d'horloges, en fait installer partout chez lui : dans sa résidence de Vincennes, par exemple (eh oui, Bruno!), puis au Louvre, une horloge publique. Il est (pré)moderne, Charles le Sage, et il veut du rationnel, dans ce monde qui l'est encore peu... Historiquement, l'anecdote n'est pas si anecdotique (tac!), lecteurs adorés... Cette idée du temps règlementé et non religieux est sans doute le témoin d'une évolution notable de l'affirmation de l'Etat et des privilèges royaux.
Tic tac, tic tac... Le bon sire fait venir un savant horloger d'Allemagne (pas de Suisse, bizarrement ) afin de garantir une mécanique de pointe (comme les casques). Puis, il ordonne que les "cent clochers" de la ville se calent désormais sur cette horloge étatique (tac!). Tout sera réglé comme du papier à musique (qui n'existait pas à l'époque, pas plus que lesdits casques) !!! Sauf que. La mécanique a son caractère, et ses humeurs sporadiques (d'ac ?)... Voici donc que notre Grande Horloge du Palais sonne... quand elle veut !
Les Parisiens ne sont pas dupes, les bedeaux déresponsabilisés non plus.... L'expression (légèrement tombée en désuétude de nos jours mais qui pourrait bien redevenir à la mode, car on a encore un Palais à Paris... où le roi et sa reine italienne savent donner le ton) naît alors sur les lèvres de nos ancêtres horodécalés : "C'est l'Horloge du Palais"...
Sous-entendu qu'elle fait ce qui lui plaît et que tout le monde doit la suivre sans protester !
- Madame, c'est quand que ça sonne (cékankeçasonne) ?
- A l'heure, sans doute, mes petits Loulous. Regardez donc la pendule...
- Non mais, je veux dire, à cette heure-ci, ça sonne à moins 5 ou ça sonne à pile ?
- Ah ben, ça, mes chers petits, j'avoue que je ne sais pas exactement...
Il est vrai que selon les heures, la sonnerie musicale retentit à 50 (récré), 55 ou pile... Histoire de calibrer les"heures" de cours, disons plutôt les plages horaires qui n'ont d'heure que le nom, finalement. Je ne me suis jamais vraiment penchée sur le problème, j'ai juste appris que grâce aux récrés, c'est 9h50 et 15h50. Et ensuite, l'heure suivante, on va jusqu'à pile pile, histoire de compenser les 10 minutes (de fin de récré et de début d'heure, vous suivez?). Sinon, les aléas de la pendule du collège restent un mystère que je ne tente même pas d'élucider. Contrairement aux élèves.
- Qui le sait ?
Tout le monde ou presque, sauf que personne n'est d'accord. C'est une question qui génère un carillonnage allègre dans le CDI, chaque son de cloche se faisant entendre avec conviction.
- Piou piou piou... On débranche, les petits! Le CDI est un lieu de calme et de concentration, une cathédrale de silence, un havre de paix... (dans ce site rempli d'adolescents bruyants (pardonnez-moi ce pléonasme)).
Et le glockenspiel humain se tait... Pas pour longtemps, car en principe, si la question a surgi, c'est que la sonnerie n'était pas loin...
Votre gazetière, qui adore les faux hasards et les vrais clins d'oeil, se dit qu'il faut absolument alimenter la Petite Brocante des Mots avec ce qu'elle vient tout juste d'apprendre : l'heure a sonné de façon claire ! L'heure de raconter un peu comment ça se passait il y a longtemps, loooooooooooongtemps... Bien avant les fuseaux horaires, les horloges atomiques et les satellites. Du temps que les moins de 600 ou 700 ans ne peuvent pas connaître.
Paris, 1350 et des miettes...
Les églises servent d'horloges pour scander les journées. Grande et noble tâche que celle des bedeaux chargés de sonner les cloches aux heures dites ! Noble, mais peu aisée : il fallait être doué et attentif pour savoir exactement quand tirer sur la corde. On imagine sans difficulté l'approximation...et surtout la cacophonie qui régnait dans la ville! Car chacun, finalement, sonnait midi à sa porte...et pas seulement midi. Un clocher donnait le la et les autres enchaînaient... De mémoire historique, ça sonnait de ci de là, à tout-va à et toute heure !
C'est la seconde moitié du 14e siècle, la fin du Moyen âge, donc. Les heures appartiennent toutes à l'Eglise : elle sont dites "canoniales" et durent ce qu'elles doivent, c'est à dire pas toutes pareil, notamment en fonction des prières et des saisons... ! L'Eglise, toute puissante, décrète quand travailler et quand s'arrêter.
Bref résumé (de moitié de cours, ou de mi-article): ça sonne à gauche et à droite, en décalé, de façon plus ou moins arbitraire...
Le roi de l'époque, Charles V, qui sent venir le début de la fin du Moyen Âge, bref, un roi bien dans son temps, décide de remettre les pendules à l'heure. Enfin, si on peut dire. Le sage souverain, passionné d'horloges, en fait installer partout chez lui : dans sa résidence de Vincennes, par exemple (eh oui, Bruno!), puis au Louvre, une horloge publique. Il est (pré)moderne, Charles le Sage, et il veut du rationnel, dans ce monde qui l'est encore peu... Historiquement, l'anecdote n'est pas si anecdotique (tac!), lecteurs adorés... Cette idée du temps règlementé et non religieux est sans doute le témoin d'une évolution notable de l'affirmation de l'Etat et des privilèges royaux.
Tic tac, tic tac... Le bon sire fait venir un savant horloger d'Allemagne (pas de Suisse, bizarrement ) afin de garantir une mécanique de pointe (comme les casques). Puis, il ordonne que les "cent clochers" de la ville se calent désormais sur cette horloge étatique (tac!). Tout sera réglé comme du papier à musique (qui n'existait pas à l'époque, pas plus que lesdits casques) !!! Sauf que. La mécanique a son caractère, et ses humeurs sporadiques (d'ac ?)... Voici donc que notre Grande Horloge du Palais sonne... quand elle veut !
Les Parisiens ne sont pas dupes, les bedeaux déresponsabilisés non plus.... L'expression (légèrement tombée en désuétude de nos jours mais qui pourrait bien redevenir à la mode, car on a encore un Palais à Paris... où le roi et sa reine italienne savent donner le ton) naît alors sur les lèvres de nos ancêtres horodécalés : "C'est l'Horloge du Palais"...
Sous-entendu qu'elle fait ce qui lui plaît et que tout le monde doit la suivre sans protester !
Il est l'heure, chers lecteurs, de clore cet édifiant article : ding-dong !