13 mai 2008
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17:50
Ceux qui ont eu le plaisir de voir jouer mon auguste filleul Fred the Great dans la célèbre farce médiévale du Cuvier, n'ont pu oublier son célèbre "Cela n'est pas dans mon rollet".
Expression du reste devenue un gimmick au Georgius Circus !
L'on eût dit, en cette moyenâgeuse époque où l'on parlait le "moyen français" (XIVe et XVe siècles), que le malheureux gendre et mari était "au bout de son rollet."
Quid de ce famous rollet, donc ?
Autrefois, lecteurs adorés et cultivés, vous le savez bien, les "livres" (qui n'étaient justement pas des livres!) étaient constitués de feuilles collées bout à bout, écrites sur une seule face, puis enroulées et entourées avec un parchemin. Jusqu'à la fin du XVIIe siècle, on appelait les registres administratifs les rôles, d'où l'expression "à tour de rôle" (qui signifie "dans l'ordre d'inscription au rôle"*, soit l'ordre chronologique des affaires juridiques déposées au tribunal). Et ces rouleaux, ces rôles, étaient aussi la forme sous laquelle étaient écrits les textes des comédiens de théâtre : ils jouaient donc...un rôle ! Là encore, l'expression perdure.
Lorsque la feuille était de petite taille ou le rôle de théâtre peu important, on utilisait le nom de rollet. Ainsi, celui qui arrivait au bout du rollet n'avait très logiquement plus rien à lire ou dire.
A la fin du XVIIe siècle, la formule s'emploie de plus en plus : celui qui était au bout de son rollet était quelqu'un qui ne savait plus quoi dire à la fin d'un discours, plus quoi faire dans ce qu'il avait entrepris, plus quoi répondre voire même plus trouver de quoi vivre.
La langue évolue, le rollet se fait rouleau, terme plus sérieux, empreint même d'une certaine religiosité.
"Tout est déjà écrit sur le Grand Rouleau" écrit Diderot dans Jacques le fataliste.
Ainsi, au XIXe siècle, l'expression, détachée de son origine théâtrale et avec la signification de "à bout de ressources", se renforce du fait que les ressources financières étaient alors aussi constituées par les rouleaux qu'on faisait avec les pièces.
"Être au bout de son rouleau" c'était ne plus avoir de pièces, donc de quoi survivre.
Le sens figuré l'emporte de nos jours : être au bout du rouleau, c'est n'en plus pouvoir.
Ce qui n'est pas le cas de la Gazette, jamais à cours de rollets à déclamer, ni à ses lecteurs, truffés de projets jolis à dérouler avec bonheur!
* NDLR : On note ici la contradiction radicale avec le célèbre "Les premiers seront les derniers"... La Justice divine, pour qui en doutait encore, n'a manifestement rien de commun avec celle des tribunaux.
Expression du reste devenue un gimmick au Georgius Circus !
L'on eût dit, en cette moyenâgeuse époque où l'on parlait le "moyen français" (XIVe et XVe siècles), que le malheureux gendre et mari était "au bout de son rollet."
Quid de ce famous rollet, donc ?
Autrefois, lecteurs adorés et cultivés, vous le savez bien, les "livres" (qui n'étaient justement pas des livres!) étaient constitués de feuilles collées bout à bout, écrites sur une seule face, puis enroulées et entourées avec un parchemin. Jusqu'à la fin du XVIIe siècle, on appelait les registres administratifs les rôles, d'où l'expression "à tour de rôle" (qui signifie "dans l'ordre d'inscription au rôle"*, soit l'ordre chronologique des affaires juridiques déposées au tribunal). Et ces rouleaux, ces rôles, étaient aussi la forme sous laquelle étaient écrits les textes des comédiens de théâtre : ils jouaient donc...un rôle ! Là encore, l'expression perdure.
Lorsque la feuille était de petite taille ou le rôle de théâtre peu important, on utilisait le nom de rollet. Ainsi, celui qui arrivait au bout du rollet n'avait très logiquement plus rien à lire ou dire.
A la fin du XVIIe siècle, la formule s'emploie de plus en plus : celui qui était au bout de son rollet était quelqu'un qui ne savait plus quoi dire à la fin d'un discours, plus quoi faire dans ce qu'il avait entrepris, plus quoi répondre voire même plus trouver de quoi vivre.
La langue évolue, le rollet se fait rouleau, terme plus sérieux, empreint même d'une certaine religiosité.
"Tout est déjà écrit sur le Grand Rouleau" écrit Diderot dans Jacques le fataliste.
Ainsi, au XIXe siècle, l'expression, détachée de son origine théâtrale et avec la signification de "à bout de ressources", se renforce du fait que les ressources financières étaient alors aussi constituées par les rouleaux qu'on faisait avec les pièces.
"Être au bout de son rouleau" c'était ne plus avoir de pièces, donc de quoi survivre.
Le sens figuré l'emporte de nos jours : être au bout du rouleau, c'est n'en plus pouvoir.
Ce qui n'est pas le cas de la Gazette, jamais à cours de rollets à déclamer, ni à ses lecteurs, truffés de projets jolis à dérouler avec bonheur!
* NDLR : On note ici la contradiction radicale avec le célèbre "Les premiers seront les derniers"... La Justice divine, pour qui en doutait encore, n'a manifestement rien de commun avec celle des tribunaux.